Kasuka avait sorti sa Maserati GranTurismo S noire flambant neuve pour se rendre à son premier cours d’anglais direction Ikebukuro. Il connaissait cette ville assez bien, mais il rentra tout de même l’adresse dans son GPS. Il avait rendez vous avec une métissée Irlandaise, parfaitement bilingue, Uzuki ne lui avait pas donné les détails. Kasuka avait le niveau scolaire en anglais, le niveau scolaire japonais, c'est-à-dire, un accent horrible. Il comprenait parfaitement quand on lui parlait, par contre pour répondre, c’était plus délicat. Il n’avait jamais imaginé devoir un jour tourner un film tout en anglais, mais en même temps il ne pouvait pas refuser un contrat qui pourrait lui ouvrir des portes immenses en Amérique du nord. Un film à Hollywood… Son manager avait donc prit l’initiative de contacter une des traductrices avec qui Jacko’Lantern travaillait pour faire travailler sa prononciation au jeune acteur. Cela ne serait certainement pas long, étant donné sa facilité à assimiler n’importe quelle connaissance.

Il se gara dans un parking proche de la résidence lorsque son GPS lui annonça « vous êtes arrivé à destination. » Puis il monta l’escalier. C’était petit, très différent de chez lui, mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela importait peu à l’acteur. Il frappa, et la salua d’un signe de tête lorsqu’elle ouvrit la porte, le visage sans expression. Pourtant, il était un peu étonné. Parce qu’il la reconnaissait sans la connaître, il l’avait remarquée au carnaval à cause de son visage typé européen et ses très longs cheveux blonds.

« Enchanté, je suis Yuuhei Hanejima, je viens pour le cours d’anglais. »

Il entra dans le petit appartement et il passa la petite cuisine pour aller dans le salon. Le contraste entre les deux petites pièces était…frappant. La cuisine était impeccable, comme si l’appartement était neuf, le salon… montrait lui des traces d’une vie palpitante : des vêtements s’entassaient un peu partout, des canettes de bières traînaient sur la table. Encore quelque chose qui ne dérangeait pas vraiment Kasuka, même si chez lui c’était impeccable. Il ne la jugerait pas mauvaise prof à cause de quelques petits détritus. Par contre, s’il voulait pouvoir travailler, il aurait besoin d’un peu de place sur la table. Il prit donc les canettes dans ses bras. Il tenta de parler en anglais, tant qu’à faire, autant qu’elle voit tout de suite le travail qu’il y avait à faire. Son accent était…japonais, je crois que ça se passe de commentaire.

« Vous avez une poubelle s’il vous plait ? »

Yuuhei avait des dizaines de professeurs de tout et n’importe quoi. Du pilotage de petit avion, au tir, en passant par les jeux de fléchettes. Ça avait toujours été comme ça depuis le collège, depuis que Shizuo avait commencé à se battre. Avant ils étaient toujours collés l’un à l’autre, mais depuis ce moment là, Kasuka s’était peu à peu éloigné de lui, cherchant un moyen d’exister par lui-même et non pas à travers son frère dont il n’était que l’ombre silencieuse. Il était passé par tout et n’importe quelle activité et encore maintenant, alors qu’il avait très peu de temps libre, il continuait de prendre des cours sur des sujets qui lui plaisent, d’aller au cinéma, d’aller même au théâtre ou à des compétitions sportives… Il allait donc à ce cours d’anglais de façon volontaire, toujours curieux et désireux d’apprendre. Une attitude que ses professeurs appréciaient chez lui, même s’ils étaient toujours un peu déstabilisés en se retrouvant devant quelqu’un d’aussi peu expressif. Mais il était bon élève, surtout que c’était utile, l’anglais, et qu’en plus ça lui éviterait d’avoir un accent épouvantable quand il irait tourner en Amérique dans quelque mois. Bref, il était motivé.

Au moins il comprenait bien ce qu’elle disait, c’était déjà ça. Il ne se vexa pas, et son visage resta de marbre à sa remarque et à son petit rire. Elle se moquait de lui ? Non certainement pas, ce devait être un rire nerveux. Le genre de rire nerveux qu’il provoque chez les maquilleuses ou les costumières par exemple. Un professeur ne rirait pas de son élève. Dans la tête du jeune Heiwajima, un professeur c’est sacré. Il tenta de répondre, toujours en anglais.

« J’en suis bien conscient. C’est mon point faible, je comprends bien sinon, je pense. »

Il la suivit, retournant dans le petit salon et s’installa sur l’une des petites chaises qui entourait la table, les yeux rivés sur les doigts délicats de la jeune femme –qui ne devait pas être plus vieille que son frère d’ailleurs-. Elle manipulait avec précaution des manuscrits qui devaient avoir plusieurs dizaines d’années. Qu’est ce que c’était ? Un travail de traduction ? Ça paraissait plutôt être de vieilles recherches… Peut-être était-elle historienne en plus de son boulot de traducteur ? Il attendit qu’elle termine de les ranger et qu’elle se retourne vers lui pour lui demander, articulant pour qu’elle puisse comprendre. Autant commencer à faire un effort tout de suite. Il avait déjà prit l’habitude de ne lui parler qu’en Anglais, ça aiderait sans doute de se forcer à pratiquer cette langue. En fait, de parler tout court, il n'avait pas l'habitude de parler beaucoup, même en japonais.

« Qu’est ce que c’était ? Vous faites des recherches ? »

Il ne savait pas vraiment comment elle comptait construire son cours, mais si c’était une simple discussion pour le faire parler le plus possible, ce sujet là semblait particulièrement intéressant. Mais bien sûr, son intérêt ne se lisait pas sur son visage. Toujours aussi hermétique.

Erika avait pris l'habitude, qu'elle soit bonne ou mauvaise, de débarquer chez Nao sans prévenir. Bien que ne quittant que très rarement son groupe normalement, elle commençait à se détacher un peu d'eux dans ce genre d'occasion. Il fallait bien admettre qu'elle-même trouvait ça plutôt étrange de sortir sans Walker et compagnie, mais elle ne pouvait pas non plus restée accroché à eux en permanence. Elle avait donc laissé son comparse de toujours, le nez dans un tome de Ladies vs Butlers, et était partie de son côté, redévorant le dernier GFantasy paru en s'arrêtant toujours quelques minutes sur la dernière page du chapitre de Pandora Hearts pour laisser échapper un petit rire étrange. Elle continuait d'avancer en élaborant toute sortes de théories farfelues sur la suite du manga, évitant savamment les passants sans lever les yeux du magazine et sans leur prêter la moindre attention. Elle n'était pas tout à fait dans le même monde qu'eux à cet instant, après tout. Elle se dit qu'elle n'était peut-être jamais dans le même monde qu'eux à bien y réfléchir et sourit. Cette idée ne lui était absolument pas désagréable, bien au contraire.

Erika entendit des cris au loin, suivit du bruit sourd que fait un distributeur automatique lors de sa rencontre avec un mur d'une façon bien plus violente que ne le permettait la résistance de l'appareil. Son sourire s'élargit tandis qu'elle cherchait du regard une tignasse blonde. Elle vit au loin ce qui semblait être une bande de mafieux de pacotille prendre leur jambes à leur cou et soupira, un peu déçue. Fausse joie, Izaya n'était pas venu aujourd'hui apparemment. Elle repris la route en replongeant dans GFantasy, cette fois au chapitre de Kuroshitsuji, qu'elle avait trouvé un peu fade par rapport aux précédents, ce qui ne l'empêchait pas de le relire.

Erika arriva devant l'appartement de Nao peu de temps après. Elle avait déjà rangé son magazine dans son sac, de toute façon Nao l'avait probablement déjà lue elle aussi, surement sur le net sans doute. Erika se demandait d'ailleurs si Nao ne faisait pas partie d'une team de scantrad, se rajoutant de la traduction à faire mais cette fois-ci pour le plaisir. Alors qu'elle se disait que c'était tout à fait possible après tout et qu'il faudrait qu'elle lui pose la question, elle frappa à la porte. Enfin, frapper ne révélait pas tout à fait la réalité. En fait elle jouait carrément une mélodie avec ses poings, For real, le premier opening de Saiyuki. Elle n'avait aucune raison particulière pour faire ça, ça lui été juste passé par la tête comme ça.

Erika était loin d'être stupide, mais il fallait bien admettre qu'elle était suffisamment déconnectée du réel pour ne pas réfléchir à certaines choses qui apparaitrait à la majorité de la population comme du bon sens. Par exemple, il ne lui était pas venu à l'esprit que Nao aurait pu être sortie ou avoir quelque chose d'important à faire et qu'elle aurait pu l'appeler ou lui envoyer un sms avant de venir, histoire de savoir si elle était bien présente et si ça ne posait aucun problème qu'Erika vienne la voir ce jour-là. Alors, envisager que Nao ne soit pas seule à ce moment-là et que faire la gamine en reproduisant un rythme lorsqu'elle frappait à la porte pouvait... disons surprendre... une personne non habituée, vous pensez bien que c'était inenvisageable pour elle ! Ou plutôt Erika se fichait bien de ce qu'on pouvait penser d'elle ou même s'être déplacée pour rien si Nao n'était pas disponible. C'est parce qu'on ne sait pas ce que la vie nous réserve qu'elle est excitante, n'est-ce pas ? Du moins c'était probablement de cette manière qu'elle le justifierait s'il le fallait, qu'elle y ai réfléchi ou non auparavant.

« Naoooo-chaaaannn~ ! Lâche un peu ton ordi et viens m'ouvrir ! »

Elle arrêta de frapper à la porte lorsque qu'elle entendit le bruit d'une clef et s'apprêta à sauter dans les bras de Nao.

Il répondit à son sourire intérieurement, rien ne transparaissait. Elle était sympa, cela serait sans doute un bon cours. Répéter ses sons. Oui c’était ça qu’il devait faire, articuler plus et suivre le rythme naturel de l’anglais, très différent du sien. Déjà que sa voix semblait assez monocorde aux japonais lorsqu’il ne jouait pas, il imaginait très bien à quel point cela devait paraître plat comme anglais aux oreilles de l’irlandaise.

« Je vais faire de mon mieux. »

Il la suivit du regard aller dans la cuisine chercher à boire. Ses yeux restaient rivés sur ses mains, puis sur le verre qui se remplissait du liquide sombre. Qu’est ce que c’était que ça ? Du Coca-cola de luxe ? Il lu le nom sur la bouteille et le nom Guinness fit un ‘tilt’ dans son esprit. C’était une bière. Pas japonaise, européenne…et probablement Irlandaise, mais il ne se risquerait pas aux devinettes. Comment faire pour refuser. De la bière ?! Il venait toujours d’avoir la majorité mais avait déjà essayé cette substance étrange plusieurs fois, même si la couleur était différente. Mais rien à faire, ça ne passait pas, comme tout autre alcool d’ailleurs. Les frères Heiwajima avaient tous les deux des palais d’enfants de 12 ans. C'est-à-dire qu’ils aiment les trucs sucrés, les bento pas chers mais très colorés, ceux avec les saucisses coupées en forme de poulpes là, les gâteaux et les produits laitiers. Enfin, Shizuo était même pire que lui, il ne mangeait pas épicé, Kasuka lui était capable d’apprécier un bon curry… Mais l’alcool, pas vraiment. Un bon chocolat au lait ou un jus de fruit aurait été beaucoup plus à son goût. Il hésitait. C’était impoli de refuser. Heureusement elle se remit à parler, dissipant ses pensées. De la mousse sur sa lèvre tiens.

Dullahans… Cela lui disait quelque chose ça. Cavalier sans tête, coursière sur sa moto noire… Peut-être bien que Nao n’était pas là par hasard et qu’elle cherchait Celty ? Depuis quelle était passée à la télé, pas mal de gens avaient eu la confirmation que la motarde noire n’avait pas de tête. Mais il n’avait jamais eu l’occasion de vérifier par lui-même, alors il ne voulait pas vraiment s’avancer. Son frère savait surement lui par contre, il côtoyait Celty depuis assez longtemps... Mais bon ce genre de rumeurs ne l’intéressait pas, son frère devait se foutre complètement du fait que Celty ait une tête ou non, alors il ne lui avait peut-être pas demandé.

« Il y a à Ikebukuro beaucoup de gens qui vous dirons qu’ils l’ont vu… Ce ne sont certes pas des paysans, mais si la rumeur se confirme pour eux, peut-être que cela vous aidera à recouper vos témoignages… »

Alors qu’il allait continuer à parler, quelqu’un cognait à la porte, essayant de reproduire une mélodie…qu’il connaissait mais ne saurait pas dire d’où. En tout cas, cela déclencha chez Nao beaucoup plus de trouble que sa propre arrivée… Un petit ami ? Non la voix qui s’élevait de derrière la porte était plutôt féminine. Il la regarda ranger l’appartement comme une furie puis regarda sa bière qu’il n’avait toujours pas ouverte. C’est vrai qu’il était décidément bien impoli… Surtout si c’était un produit Irlandais, elle voulait lui faire goûter sa culture. Il devrait sans doute faire un effort. Il décapsula la bouteille et la versa dans son verre, regardant la mousse se remplir dans son verre, laissant peu à peu le liquide noir apparaître. En même temps, il était attentif aux sons de l’entrée. Erika, c’était donc bien une fille… Il pencha sa tête discrètement pour être capable de voir les deux jeunes femmes. Mais… il l’avait déjà vue, mais où ? Surement une habitante du quartier… Il croisa son regard alors la salua d’un signe de tête.

« Erika ! »

Erika sauta de suite dans les bras de Nao, comme elle avait prévu de le faire.

« Naaaooo ! J'ai découvert un nouveau manga génial qu'il faut absolument que tu li... »

Elle s'arrêta net quand elle jeta un oeil au-dessus de l'épaule de Nao, découvrant qu'un jeune homme très beau , aux traits fins et sans la moindre expression, déjà installé à l'intérieur. Elle connaissait ce visage. Bien que pouvant paraître vivre dans un monde de 2D (et y vivant bel et bien en partie), elle s'y connaissait un peu en cinéma également. Et il fallait bien admettre que, pour le coup, elle n'avait pas vraiment besoin d'être caler sur le sujet. L'acteur qui lui faisait un petit signe de tête en guise de bonjour était bien assez connu pour qu'elle le reconnaisse aussitôt. Yuhei Hanejima...

Elle ne se demandait pas vraiment ce qu'il faisait chez Nao, pas plus qu'elle n'était surprise. Le fait est que le jeune acteur qui avait tant fait parlé de lui était là, chez son amie, alors qu'elle avait décidé de passer la voir. Bien qu'il y avait de quoi être étonné, Erika trouvait tout cela parfaitement logique. Prendre les choses comme elles viennent sans trop se poser de questions, accepter la réalité plaisante et rejeter en tant que fiction celle qui ne l'est pas, ne pas s'étonner davantage pour la réalité que pour la fiction, voilà comment raisonnait Erika. Si elle avait arrêter de parler, ce n'était pas vraiment parce qu'elle était sous le coup de la surprise. Juste que le manga dont elle voulait parler était passé au deuxième plan brutalement.

Elle s'écarta un peu de Nao pour pouvoir de nouveau lui parler en face, au lieu de crier dans son oreille en la câlinant comme elle l'avait fait juste avant. Ce ne fût qu'à ce moment là qu'elle remarqua la mousse de bière que la jeune femme avait encore au-dessus des lèvres. Elle pouffa doucement en lui tendant un mouchoir et en lui faisant signe pour qu'elle comprenne qu'il lui restait de la mousse. Décidément, Nao était vraiment adorable !

Puis elle se déchaussa rapidement avec ses talons sans même regarder ses chaussures et entra avant de laisser le soin à Nao de l'inviter à le faire. La gêne n'avait jamais étouffé Erika de toute façon, ce n'était pas quelque chose qu'il fallait mal prendre et Nao le savait bien. Elle s'approcha de Kasuka avec un grand sourire et remarqua qu'il gardait toujours un visage complétement dénué d'expression.

« Tu es Yuhei Hanejima-san n'est-ce pas ? Je m'appelle Erika Karisawa ! Diiis, tu n'as aucune expression ou quoi ? Tu es comme Tôno dans Silent love, c'est ça ? ♥ Kyyaaa, en plus tu ferais vraiment un parfait uke !!! »

Erika trépignait de joie, pas intimidée le moins du monde par l'acteur. Mais sa véritable question était un peu différente. Elle était tombée sur quelques infos sur lui il y a quelques temps et avait pu lire son véritable nom de famille sur un site. Ce n'était pas le genre d'information qui pouvait l'intéresser en temps normal, pas plus que la vie privée des stars qui lui passait au-dessus de la tête, mais cette fois-ci s'était différent. Car ce nom lui était familier.

Heiwajima...

« C’est bien moi. Enchanté Karisawa-san… Je ne connais pas ce personnage…mais pourquoi parfait Uke ? » 

« Oh mais un seme inexpressif ça irait très bien aussi ! Avec ton visage on ne s'y attendrait pas en plus ! »

Erika n'essayait même pas de faire un minimum attention à son langage. Si une autre célébrité que Kasuka lui avait fait face, elle aurait pu mal le prendre. Devait-elle l'ouverture d'esprit des gens qu'elle recontrait à une sorte de chance légendaire ? Ou peut-être que ceux qui avait pu protester avaient-ils mal finis ?...

« Doucement honey, ne soit pas trop brusque avec notre ami veux-tu ? Je te présente mon élève. »

C'était donc ça ! Évidemment, vu qu'il s'agissait de sa langue natale, Nao pouvait aussi faire des cours d'anglais de temps à autre. Erika ne se souvenait pas qu'elle ne lui ai jamais dit avoir fait ce genre de travail et elle pensait jusque là qu'elle se cantonnait à la traduction, mais après tout elle était loin de tout savoir sur Nao.

Tandis que Nao expliquait brièvement la situation à Kasuka, Erika saisissait la chope que Nao lui avait laissé à disposition sans lui jeter un regard et bu une bonne gorgée d'un air distrait. Elle le laissait moins transparaître qu'elle ne l'était en réalité, mais elle jubilait. Même s'il pouvait paraître étrange qu'elle soit plus intéressé par le nom de famille véritable de l'acteur que par son statut de célébrité, c'était belle et bien le lien de parenté possible entre lui et Shizuo qui l'intéressait. Elle dévisageait donc le visage inexpressif de Kasuka en cherchant une ressemblance. Malheureusement elle ne pouvait pas s'avancer avec si peu...

Quoi qu'il en soit, Erika se trouvait particulièrement chanceuse ces derniers temps. D'abord cette rencontre, hélas très courte, avec une des petites sœurs d'Izaya, maintenant avec quelqu'un de la famille de Shizuo, du moins en était-elle de plus en plus convaincu. Pourtant, elle n'avait aucune raison d'être si contente pour ça. Elle avait déjà parler à Shizuo et ne craignait pas de l'aborder, elle n'avait pas vraiment besoin d'un intermédiaire. Ce n'était pas quelqu'un de si dangereux que ça au fond, il était même plutôt adorable... Elle arrêta le fil de ses pensées d'un seul coup et imagina un yaoi violent où Shizu-chan se faisait complétement dominer, laissant pleinement ressortir son côté "adorable".

Elle fut contrainte de revenir à la réalité par un regard de Nao qui semblait lui dire « reviens parmi nous ». Elle semblait commencer à bien connaitre Erika et les expressions qu'elle avait quand elle partait dans ses pensées.

« Elle ne me choque pas, ça va. C’est très dur de me choquer… Je pense que ça ne m’est jamais arrivé… »

« T'es encore pire que Tôno-chan alors ! Tu gagnes un +3 en seme-attitude ! »

Erika posa sa petite chope sur la table, continuant à fixer Kasuka, un large sourire aux lèvres. Hésitait-elle à mettre les pieds dans le plat en posant directement la question qui lui brûlait les lèvres, sachant que poser directement une question personnelle pouvait mettre Kasuka mal à l'aise ?

« Dis, dis, diiiis ! J'ai lu un article qui disait que ton vrai nom est Heiwajima. C'est bien vrai ? Est-ce que tu as un rapport avec Shizuo Heiwajima ? »

De toute évidence, non...

Bah, c’est pas non plus comme si il serait vexé qu’on lui dise qu’il avait un visage de gay, ce que la fujoshi en face faisait d’ailleurs, plus ou moins. On lui disait déjà qu’il avait un visage de personnage de Shôjo manga, de Vampire des temps modernes, d’ange, de démon, de poupée, de robot. Son visage faisait beaucoup parler de lui, dans des termes plus ou moins flatteurs, il s’en fichait. Et bon, on s’entend que pour apparaître dans un yaoi, faut être plutôt bishounen, alors c’était plus un compliment qu’autre chose. Puis Kasuka n’avait rien contre les gays. Et il assumait les rôles gays qu’il avait pu jouer, il avait même un profond respect pour eux. En ça, Kasuka avait une sorte de petite folie pas très différente de celle d’Erika… Un profond respect pour des personnages de fictions qu’il incarnait, plus que pour lui-même. Il ne se serait pas vexé pour ça.

Il prit une autre gorgée de bière par mimétisme, buvant en même temps que la fujoshi. Il essaya d’en prendre une plus grosse que la première fois, vu la quantité qu’il avait dans son verre… Il n’avait pas fini s’il continuait sur ce rythme là. Elle était drôle, Erika. Encore ce Tôno qui revenait...il faudrait vraiment qu’il regarde qui s’était sur internet, qu’il sache de quel personnage il était une « pire » version. Puiiiiis…le nom de son frère. Encore une fois rien ne transparaissait mais un frisson lui parcouru la nuque. Comment elle connaissait son frère ? Au moins elle n’avait pas l’air terrorisée… Elle avait l’air au contraire totalement… Excitée. C’était bien la première fois qu’il voyait quelqu’un réagir comme ça en pensant à Shizuo. Enfin peut-être pas la première fois…Il y avait bien l’aura d’Orihara Izaya qui serait assez proche, mais beaucoup plus négative… C’était une des amies de Shizuo ?

Il n’aimait pas divulguer le nom de son frère publiquement parce qu’il savait qu’il enverrait surement des gens se faire battre avec ce genre d’infos, il se sentirait coupable. En plus il n’aimait pas qu’on harcèle à cause de lui. Mais là la situation semblait inversée. Elle avait l’air de connaitre Shizuo et de s’intéresser à lui parce qu’il avait une parenté avec lui. Heu c’était bizarre, mais au moins, elle n’avait pas peur de son frère, alors c’était positif, autant lui répondre. Et pour sa professeur, tant qu’elle n’allait pas se mesurer à Shizuo pour l’affronter en combat singulier, cela devrait bien se passer. Il la regarda un instant, puis reporta son attention sur Erika, lui répondant, toujours en anglais.

« C’est mon grand frère… Tu es une de ses amies ? »

Il continua de boire sa bière, en prenant un peu plus d’un coup. Le goût était encore très amer, mais il s’y habituait. Au moins c’était frais, ça aidait. Par contre, étant donné qu’il n’avait jamais réussi à boire une aussi grande quantité d’alcool, il ne savait pas vraiment ce que cela pourrait faire… Pouvait-il est saoul avec une bière ? Non quand même, tout le monde en buvait…

« Peut-être que tu connais aussi Celty-san ? La coursière ? Nao-Sensei me disait qu’elle faisait des recherches sur les Dullahan… La rumeur veut que Celty-san en soit une. »

Il se tourna vers Nao et fixa son regard.

« C’est d’elle dont je parlais tout à l’heure… »

Plus mature que son frère ? Elle devait avoir l’habitude de le voir céder à sa colère alors… Admettons qu’elle voit Shizuo -totalement calme- à côté de Kasuka –dans son état normal-, elle ne douterait pas de la position d’aîné du décoloré. Enfin physiquement en tout cas. Après, Kasuka avait réussi à prendre sa vie en main très tôt alors que Shizuo ne semblait toujours pas décidé à la stabilité, mais il faut dire que la voie dans la quelle il s’était engagée n’occuperait qu’une faible partie de sa vie (a moins qu’il ne s’embellisse encore en vieillissant…) alors plus on commence jeune, mieux c’est.

« Merci, je suppose. En tout cas, je suis content de rencontrer une amie de mon frère. »

Mais bon, heureusement qu’il le dit, parce que ça se voit pas, comme d’habitude. Il avait parlé de Celty pour faire revenir sa professeure dans la conversation mais le sujet semblait au contraire la perdre dans ses pensées. C’est vrai qu’il n’avait pas pensé à ça avant, mais si elle poursuivait les recherches de son père c’était surement parce qu’il était décédé ou trop malade pour travailler. C’était donc pour ça que c’était si important pour elle… Il la regarda un petit moment avant de se retourner vers Erika qui semblait aussi excitée par ce sujet que par son frère, l’écouta, enregistra. Un membre des dollars ? Oui il avait vu ça, entendu ça à la télé, le fameux groupe transparent. Il ne savait pas que son frère faisait partie de ce gang et pensait donc rencontrer officiellement son premier représentant.

Nao semblait sortie de sa rêverie. Elle avait été sauvée par son frère… ? Il sourit intérieurement à cette idée, il avait sans doute du démolir pour pouvoir la sauver, mais dans un but si noble, il ne pouvait que cautionner… Enfin, s’il pouvait ne pas user de violence se serait encore mieux, mais bon… Shizu-Shizu ? Izayan ? C’était Orihara Izaya ça ? Au moins elle n’avait pas froid aux yeux… Si son frère savait qu’on l’appelait comme ça il se mettrait certainement en colère. Et il imaginait très bien le genre de question qu’elle aurait pu lui poser…quelque chose comme « Seme ou Uke ? » En effet, admettons que son frère comprenne ces termes d’Otaku (ce dont il doutait fort), elle le mettrait surement hors de lui… Il les regarda discuter quelques secondes toutes les deux, prenant une autre gorgée de bière, avant de rouvrir la bouche.

« Actuellement, je ne vois pas mon frère souvent. Je pense que vous avez plus de chance de le croiser en ville. Ce n’est pas son genre de prendre des rendez-vous de toutes façons… Par contre pour Celty, j’ai son numéro, au cas où… J’imagine que si vous avez besoin d’elle, il suffit de l’appeler et de la payer ensuite. Si elle vous demande comment vous l’avez eu, dites que c’est le frère de Shizuo. »

Il sorti un téléphone portable de sa poche, chercha le numéro et donna le téléphone à Nao avec le numéro affiché sur l’écran, puis il se retourna vers Erika pour répondre à sa question. Il parlait beaucoup, finalement boire frais n’était pas de trop, il s’était habitué au goût et buvait bien plus vite qu’au début, son verre était déjà presque vide.

« Les choses qui l’énervent… ? Orihara Izaya. Principalement. Se battre, aussi curieux que cela puisse paraître, il déteste ça... Et la bière… Nao-sensei, si un jour vous l’invitez, ne lui en donnez pas, s’il vous plait… Et oui il est comme ça depuis tout petit. On a découvert ça le jour où il a essayé de m’envoyer le réfrigérateur –qui faisait à peu près 5 fois son poids- dessus. »

Il regarda Nao se servir un autre verre de ce qui semblait être un alcool encore plus fort… Mauvaise habitude de socialisation sans doute ? Il ne la jugeait pas, de toute façon. Par contre là, il serait obligé de refuser si elle lui en donnait. Il sentait déjà que la bière faisait son effet. Il avait plus chaud, en fait il sentait la chaleur de son corps remonter jusque dans ses joues, jusqu’à en venir à se demander s’il n’était pas tout rouge. Le contraste avec ses doigts qu’il pressait doucement contre ses joues était affolant. Il eut un petit soupir et ferma les yeux.

Erika regarda Kasuka donner le téléphone à Nao, celle-ci le remerciant, toute émue. Elle ne pensait pourtant pas que le numéro de Celty pouvait être si important. Bien sûr, Erika avait toujours énormément apprécié les histoires qui couraient sur la motarde sans tête. Après tout, c'était typiquement le genre de chose que l'on assimilait habituellement à la fiction et là il semblait qu'il s'agissait bel et bien de la réalité. Le genre de paradoxe qui l'a fascinait elle-aussi. Mais une fois qu'il y eu un nom et un... peut-on quand même dire "visage" dans ce cas ?... Enfin, une fois qu'elle pu la rencontrer, elle ne trouvait plus cette légende urbaine avérée si excitante que cela. Pour elle, Celty était exactement comme une humaine normale, avec juste la petite particularité de ne rien avoir sur le cou. Enfin, elle se dit que si elle ne connaissait pas Celty et qu'on lui avait donner son numéro de cette façon, elle aurait probablement crié de joie. Elle était plutôt mal placée pour juger Nao.

Elle écouta attentivement Kasuka quand il se remit à parler. Alors comme ça Shizuo et lui ne se voyait plus beaucoup en ce moment ? Erika se dit que ce devait être normal, vu le travail de Kasuka, mais elle était quand même un peu déçue. Par contre elle devait bien admettre que, même si croiser une personne au hasard en ville était normalement relativement compliqué, pour Shizuo ce n'était pas si difficile que ça. Il avait légèrement tendance à se faire remarquer...

Par contre, la suite du discours de Kasuka parut bien plus intéressant à savoir pour Erika. Même si elle savait pertinemment que Shizuo détestait Izaya plus que tout (pouvait-elle vraiment émettre le moindre doute après avoir assister à tant de combats entre-eux ?), l'entendre de la bouche du petit frère de Shizuo était particulièrement savoureux. Après tout, dans l'esprit tordu d'Erika, La haine n'était qu'une façade à l'amour et l'énervement à l’excitation. Dans sa tête, il ne faisait aucun doute à ce que ces deux-là cachait, aux autres mais aussi peut-être à eux-mêmes, leurs véritables sentiments sous ce qui semble pourtant y être opposé. Et puis, elle voyait surtout le fait qu'ils ne pouvaient pas rester insensibles l'un à l'autre, puisse qu'ils ne pouvait que s'entre déchirer à chaque fois qu'ils se croisaient. Quelle fujoshi digne de ce nom aurait pu ne pas interpréter cela comme une attirance réciproque ? Erika savait déjà que Shizuo n'aimait pas se battre, il faisait en sorte de le rappeler de temps à autre, et elle s'en servait d'ailleurs comme une preuve supplémentaire pour ses délires yaoistes. Elle imagina la scène du réfrigérateur quand Kasuka en parla et sourit. C'était vraiment du Shizuo tout craché !

Elle avait bien vu que Kasuka semblait devenir rapidement plus loquace et quand Nao fit remarquer qu'il valait peut-être mieux qu'il ne reprenne pas le volant, elle ne pu qu'approuver, le fait était qu'il ne tenait surement pas du tout l'alcool. Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que ça pouvait être amusant. À quoi pouvait-il bien ressembler une fois soul ? Continuerait-il a être aussi inexpressif ? Erika se dit que ça devait vraiment valoir le coup d'oeil.

« Je pense qu'il vaudrait mieux éviter moi aussi ! Tu n'as rien de prévu Yuhei-san ? Tu devrais peut-être rester un peu. On pourra continuer à discuter et à boire comme ça ! Ah c'est bon pour toi Nao, non ? »

Lorsque Yuuhei retourna la tête vers Nao, il aperçu son geste pour effacer une larme. Il devait avoir vu juste pour le décès de son père. Il se sentait triste pour elle, lui qui n’avait encore perdu personne de proche, il ne pouvait qu’imaginer la douleur que cela provoquait avec les longues nuits d’inquiétude à l’hôpital quand son frère était au plus mal. C’était la seule chose qui pouvait s’approcher un peu de ce que devait vivre Nao. Il était content d’être utile à cette jeune femme qui semblait n’avoir que de bonnes intentions. Il reprit le téléphone et le rangea dans sa veste. Puis se rendit compte qu’elle l’encombrait plus qu’autre chose cette veste, il avait trop chaud pour porter ça. Il l’enleva, restant avec uniquement son T-shirt coloré acheté dans un tout-à-100¥ qui contrastait avec son pantalon et ses chaussures de marque.

« Avec plaisir. » Lui dit-il avant qu’elle ne disparaisse.

C’est là qu’il faut insérer le passage que j’ai mit dans le post juste avant, quand il se touche les joues avec ses doigts froids pour les refroidir. Lorsqu’elle revint, il rouvrit les yeux, regardant la pierre, étonné… Et aussi étonnant que cela puisse paraître, cela PARAISSAIT –ouais okay, cette figure de style était pourrie, il est 22h16, un peu d’indulgence-. Ses sourcils étaient un peu surélevés, sa bouche arrondie, légèrement entrouverte et dans ses yeux, il y avait une lueur de curiosité –ou peut-être d’ébriété ?-. Il ne comprenait pas tout ce qu’elle avait dit, et repassa au japonais en prenant la pierre. Cela semblait très précieux. Il la ferait monter sur un collier et la porterait sur lui. Il n’était pas rare qu’il reçoive des cadeaux de ses professeurs, mais en général c’était plutôt pour l’acheter d’on ne sait pas quoi plutôt que pour le remercier. Il sourit. Oui, oui, les commissures de ses lèvres effectuèrent leur petite rotation pour dessiner un faible sourire mais cela changeait tellement son visage qu’il était impossible de ne pas le remarquer.

« Merci beaucoup Nao-sensei, je vais le garder précieusement, même si je ne connais pas la mythologie d’Irlande…On pourrait parler de cela au prochain cours ? »

Kasuka baissa les yeux sur son verre et constata qu’en effet, il était presque vide, il finit donc sa dernière goûte. Et maintenant de l’eau. Parce que là il avait vraiment soif, et chaud…

« Guinness… Je pourrais dire que j’en ai bu une au moins une fois dans ma vie… »

Ne pas conduire ? Il paraissait si saoul que ça ? Il passa son regard de Nao vers Erika, attendant le verdict. Okay, il avait donc l’air bourré. Est-ce qu’il se sentait capable de conduire ? Il avait seulement un peu chaud… Et son chat à la maison… Il sortit son portable pour vérifier son emploi du temps, de toute façon il ne pourrait pas travailler s’il était vraiment bourré. Heureusement il n’avait rien d’impératif, juste il devait diner avec son manager, mais bon, ça il pourrait annuler et discuter de leur projet par téléphone. Il soupira doucement, rangeant de nouveau l’appareil.

« Je pense que cela sera pire si je continue à boire, je risque de ne plus pouvoir repartir du tout ? Mais je veux bien un verre d’eau, il fait tellement chaud…Et…Yuigadokusonmaru...Le pauvre, il est tout seul… Si vous voulez continuer à bavarder, on pourrait aller chez moi…? Je n'aime pas le laisser tout seul, il est si mignon...je suis sûr que vous l'aimerez aussi... »

C'est bien connu, toutes les fujoshis aiment les chats, ya qu'à voir l'intérieur des couvertures des BL reliés...Sauf que, Kasuka, t'as pas précisé que c'était un chat @x@'.

Un malentendu peut être si vite arrivé. Surtout quand on s'appelle Erika et qu'on ne manque pas d'interpréter à sa guise une poignée de mots. Un peu comme ce qui arrivait à ce moment-là, alors que Kasuka parlait de son chat, information que ne possédait pas Erika. Le nom était étrange, c'était le moins qu'on puisse dire. Ça aurait suffit à une personne sensée à se dire que ce devait être un animal, mais Erika pouvait-elle être considérée comme quelqu'un de sensé ?

Si l'on suivait les stéréotypes des mangas, à ce moment-là Erika devrait saigner du nez. Et pas une une petit goutte, non pour le coup ce serait une sacrée gerbe de sang ! Mais bon voilà, le coup du saignement de nez dû à l’excitation ne marche pas très bien en réalité... Quoi qu'il en soit, tendre une perche pareille à une fujoshi revenait à poser les fesses à l'air en gémissant à un autre homme de ne pas être trop brutal. Il ne fallait pas s'attendre à ce qu'elle accepte un jour que vous puissiez être hétéro en vérité. Quelqu'un que Kasuka ne voulait pas laisser seul et qu'il trouve mignon ? C'était plus que suffisant pour surchauffer le cerveau d'Erika sous une tonne d'images mentales yaoi. Pouvoir avoir la chance d'aller chez lui et les voir ensemble ? Comme si Erika pouvait refuser ! C'était juste trop beau ! Elle aurait fait n'importe quoi pour voir un yaoi irl ! Enfin, ce genre de fangirlisme à l'extrême quoi...

Évidement qu'on peut aller chez toi, Yûhei ! Non, non, on DOIT aller chez toi ! Après tout on ne va pas laisser ce Yui-machin-chose tout seul ! Ce serait cruel, pas vrai ? Qu'est-ce qu'on attends ?!

Ça, c'est ce qu'elle aurait dit à ce moment là si Nao ne l'avait pas devancé... Nao qui avait l'air joyeuse elle-aussi, mais pas tout à fait pour la même raison.

« Tu as un petit animal de compagnie ? Comme je te comprends, ils sont trop choux ! »

Un... animal de compagnie ?

Pendant une fraction de seconde, Erika imagina Kasuka une laisse à la main, un beau jeune homme nu ayant un collier de chien autour du cou tirant un peu dessus. Puis cette image s'évanouit et son euphorie descendit en flèche... Un animal...

Non, la zoophilie c'est pas trop mon truc... Ou alors du furry, c'est plutôt pas mal, mais sinon non. Dommage...

Tandis que son enthousiasme retombait, Nao revenait avec son chat dans les bras et le présentait à Kasuka. Après être allée chercher un verre d'eau pour son élève, elle demanda à Erika si elles devaient accompagner Kasuka chez lui. Question plus rhétorique qu'autre chose, elle connaissait déjà la réponse.

« Bien sûr ! On y va ? »

C'était bien plus court et beaucoup moins hystérique que ce qu'elle aurait dit si elle avait continué sur son délire yaoiste... Mais elle était quand même heureuse d'aller chez Kasuka. Même si elle le connaissait à peine, il était plutôt sympathique, bien qu'il lui fallait de toute évidence boire pour commencer à avoir quelques expressions. Erika ne savait pas à quel point les petites mimiques qu'elle avait pu voir sur le visage de l'acteur relevait du miracle, après tout elle venait de le rencontrer. L'alcool pouvait décidément avoir de drôles d'effets parfois...

Les yeux de Yuuhei brillèrent un peu plus lorsqu’il vit le chat de Nao. Bon il n’était pas aussi beau que son cher petit Yuigadokusonmaru, mais son poil avait l’air tellement doux qu’il fallait qu’il le touche avant de quitter cet appartement. Il était beaucoup plus gros que son propre chat aussi, mais semblait tout aussi câlin et adorable à entendre ses ronronnements. Il gardait ses yeux fixés sur le chat avant de redresser la tête vers sa maîtresse, haussant les sourcils.

« Conduire ma voiture ? »

C’était beaucoup lui demander ça. Surtout qu’elle avait bu plus que lui, même si elle semblait s’accommoder beaucoup plus vite de ces quelques verres d’alcools que lui de sa bière. Sa Maserati. C’était pas pour le prix qu’elle lui avait couté, il avait assez pour s’en acheter une autre, et de toutes façons il y avait sept autres cabriolets dans sa cours qui n’attendaient que d’être utilisés par la star… Mais personne n’avait jamais posé les mains sur son volant. En fait, personne ne lui avait jamais demandé non plus, et il aimait suffisamment conduire pour ne pas prendre un chauffeur. Et comme il ne buvait jamais… L’intérieur de cuir noir était habitué à lui et à lui seul, et parfois quelques passagers. Il prit le verre d’eau et le descendit d’un coup cette fois, puis il se leva… Et il comprit lorsqu’il sentit que son sens de l’équilibre n’était pas le même que d’habitude, qu’il n’était certainement pas en mesure de conduire lui-même. Il soupira doucement.

« Je pense que c’est le mieux à faire… Vous avez votre permis ? »

Il chercha brièvement dans sa poche avant de trouver les clefs de son petit bijou. Il remit ensuite sa veste, doucement, puis s’approcha de Nao et du chat, penchant son visage proche du chat, le regardant dans les yeux en le caressant doucement du haut de sa tête jusqu’à ses fesses.

« Il est tellement mignon, Nao-sensei… Le mien c’est un Scottish Fold. »

Il se redressa ensuite, donnant le trousseau à son professeur. Puis dit, tout à fait sérieux.

« Je vous fais confiance, mais, c’est la première fois que quelqu’un d’autre conduit cette voiture, qui sait ce qui pourrait arriver… »

Il partit donc devant avec Erika, l’attendit devant l’appartement puis les conduisit vers la voiture. Tant qu’à faire, il allait se mettre à l’arrière et laisser les deux filles devant. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été à l’arrière d’une voiture comme ça… Quelques fois, ils étaient partis en vacances avec son frère et leurs parents, forcément, être assis à l’arrière lui rappelait ces bons moments où rien ne venait troubler la paix, puisque Shizuo attaché ne pouvait rien lancer sur personne.

« C’est à Shinjuku, l’adresse est dans le GPS… »