Machinalement, Seward activa la clenche qui se trouvait juste devant lui, s’attendant à ce que la porte s’ouvre immédiatement. Chose qu’elle ne fit bien évidemment pas, le laissant perplexe durant quelques instants. Pourquoi se bornait-elle donc à rester fermée, même s’il forçait encore un peu plus ? Bon. Aux grands maux, les grands remèdes. Dans un élan de grande lucidité, l’adolescent fouilla quelques instants dans son sac, avant d’en ressortir un trousseau de clefs. Enfin trousseau c’était vite dit, il devait y en avoir trois à tout casser. Bref, vu que le fourbe rectangle de bois n’avait pas la moindre envie de s’ouvrir comme il le souhaitait, il le forcerait. S’il tenait tant que ça à ce que l’Anglais passe sa journée dehors, il faudrait qu’il trouve un autre moyen. Beaucoup plus convaincant.

Insérant donc la clef dans la serrure – En même temps vous vouliez qu’il la mette où exactement pour avoir un minimum de chance que cette fichue chose s’ouvre enfin ?- , Seward haussa néanmoins un sourcil lorsqu’il se rendit compte que la porte était fermée à double tour. Allons bon, n’y avait-il donc réellement personne à l’intérieur ? Ce n’était pas logique. Quoique. N’étaient-ils pas mercredi ? ….Si. Conclusion, le fait qu’elle ne lui cède pas par la simple pression sur sa clenche était parfaitement normal. Dans un sens c’était bien, cela lui prouvait que l’ensemble de la maison n’avait pas encore décidé de ne pas le laisser rentrer. Ses parents n’avaient tout simplement pas encore finit leur travail, point final.

Entrant enfin dans la bâtisse – Oui après avoir traîné dix minutes devant à s’acharner sur la pauvre clenche- il referma la porte derrière lui avant de s’avancer dans le semblant de salon et de s’affaler dans le canapé. Autant en profiter tant qu’il n’y avait personne, c’était nettement plus confortable d’être couché qu’assis. Il serait d’ailleurs bien resté de la sorte durant un bon bout de temps, si seulement son ventre n’avait pas protesté bruyamment. …Très bien, au départ l’Anglais fit comme si de rien n’était, tendant un bras juste pour prendre un de ses livres, et commença à bouquiner. Jusqu’à ce que la faim ne commence réellement à le tenailler. L’adolescent abdiqua donc, et se leva avec une motivation on ne plus bancale. Traînant les pieds, il posa un coude sur le plan de travail, mettant son menton sur sa paume, et de l’autre main la leva afin d’atteindre la porte de l’armoire.

Le tout maintenant était de trouver quelque chose de comestible, et qu’il aimait. Bon ce n’était pas vraiment une bouche fine, mais autant dire qu’il était plutôt difficile. Bien qu’il ne l’annonçait que très rarement lorsque quelque chose lui déplaisait. Il n’y avait que lorsqu’il était seul qu’il commençait à chipoter et mettait toujours trois ans avant de trouver quelque chose qui lui convenait. Ce qui ne rata pas cette fois-ci non plus bien évidemment. Après une bonne dizaine de minutes, il extirpa un paquet de gâteaux, qui n’était pas encore périmés. Très bien. C’est ce qui avait l’air le plus tentant. Essayant donc de l’ouvrir avec ‘l’ouverture ‘facile, cette espèce de chose qui se casse en un millième de secondes, vous narguant plus qu’autre chose et vous obligeant à aller soit prendre des ciseaux soit à vous péter les doigts, Seward opta pour la première option, se trainant avec toujours autant de motivation vers le tiroir où se trouvaient les ciseaux.

Bon, au moins le paquet était ouvert maintenant c’était une bonne chose de faite. Il pouvait donc aller regagner son canapé et se replonger tranquillement dans sa lecture, tout en faisant néanmoins attention à ne pas mettre des miettes sur son précieux bouquin. Ceci dit, il avait à peine lu cinq lignes, qu’il ne prit non pas un gâteau comme il s’y attendait, mais un truc suspect. …Bon qui est ce qui s’amusait à foutre n’importe quoi dans les, pires ses , aliments ? Ils n’auraient franchement pas pu mettre ce truc dans le paquet d’avant ou celui d’après ? Lâchant un léger grognement, il approcha quand même la chose de son visage, essayant de voir de quoi il s’agissait. C’est parti pour une séance de décryptage. Au moins, c’était de la lecture, cela ne le changerait pas tellement d’il y a quelques secondes.

Ayant enfin finit de déchiffrer la chose qui l’avait empêché de manger correctement Seward haussa légèrement un sourcil. C’était quoi cette histoire ? Apparemment, une espèce d’opération spéciale dont le but était de trouver le billet gagnant. Et il eut fallu que cela tombe sur lui. …Qu’est-ce qu’il avait soi-disant gagné encore ? Ah oui, une interview avec Kasa…Kase…Kasmachin. Bref, quelqu’un. Subitement, l’envie de se lever pour aller donner ce billet à la prochaine personne qu’il croiserait, ou même pour aller le mettre dans la boîte aux lettres du voisin, le prit. De toute façon qu’est-ce qu’il en ferait lui ?

Se bougeant donc du fauteuil, en se demandant bien quelle était la meilleure manière de se débarrasser de ce truc, il fit quelques pas avant de s’arrêter. Il y avait du bruit, juste devant la maison. Sans doute sa mère qui rentrait. Bingo. Il hésita quelques instants à monter dans sa chambre, mais ne voyant strictement aucunes traces de son paternel, jugea que ce n’était pas encore nécessaire d’aller s’y réfugier de suite. Ceci dit, lorsqu’on lui demanda ce qu’il avait en main, il regretta néanmoins de ne pas y être allé. Si sa mère était au courant de cette espèce d’interview, elle ferait strictement tout pour qu’il y aille, le traînant de force s’il le fallait. Mais alors qu’il cherchait une excuse plausible, il eut à peine ouvert la bouche qu’elle le lui arracha quasiment des mains, s’occupant de le lire à sa place.

…Merlin qu’avait-t-il donc vraiment bien pu faire pour que même les paquets de gâteaux se liguent contre lui maintenant ? Il ne fallut que quelques minutes pour que la nouvelle venue ne montre sa joie. Tiens ? Elle connaissait même Ki…Hmph, le gens avec qui l’interview devrait se dérouler ? …C’est qu’il devait être réellement en retard là. Il penserait éventuellement à se renseigner sur cette personne. …Peut-être. Parce que oui étudier était une perspective plus alléchante.

Enfin, voilà comment est-ce qu’il avait réussi à se retrouver devant le studio télé, le papier en main. Papier qui semblait même être comme neuf. Non pas qu’il l’avait gardé précieusement de peur de le perdre, mais simplement qu’il avait essayé d’y toucher le moins possible. Et que de toute façon s’amuser à aller chiffonner toutes les feuilles qu’il trouvait sur son passage n’était pas non plus son passe-temps préféré. Il lança un regard derrière lui, hésitant à rentrer directement chez lui, mais malheureusement, sa mère semblait déjà avoir prévu le coup, et se trouvait quelques mètres plus loin. …Il semblerait qu’il soit bel et bien obligé d’entrer dans le bâtiment maintenant.

Y allant donc, il put enfin se débarrasser du maudit ticket lorsque quelqu’un le lui réclama. Qu’il le garde, qu’il en fasse des confettis, qu’il le mange même, mais tant qu’on ne le lui refourguait pas, Seward serait on ne peut plus content. Sauf que non, il fallut qu’on le lui remette entre les mains. Aha. Comme s’il comptait le mettre dans un cadre et l’afficher dans sa chambre. Enfin, au lieu de maudire les tickets et les personnes non papivores, il préféra suivre celui qui venait de lui proposer de montrer le chemin. …Très bonne idée. Et s’il pouvait aussi en même temps lui indiquer qui exactement était la personne apparemment connue, cela l’arrangerait beaucoup. C’est qu’il ne pourrait certainement pas la distinguer d’un des techniciens. Non il n’avait pas fait ses recherches, il avait trouvé des choses beaucoup plus intéressantes à faire de son point de vue entre temps. Chose qu’il regretta d’ailleurs. Maintenant à la moindre question qu’on lui poserait, il sortirait certainement une idiotie.

Ainsi, c’était donc à ça que ressemblait les plateaux télévisés ? …Bon en soi il n’allait pas se mettre à comparer l’envers du décor avec ce qu’ils laissaient voir, étant donné que les fois où il daignait regarder quelque chose sur l’écran était à marquer au fluo, et à garder précieusement. …Tout ce qui ne se trouvait pas dans un livre avec un titre intéressant lui passait par-dessus la tête. Oui et après il allait s’étonner qu’il loupait plein de choses, mais bon, cela ne l’avait strictement jamais dérangé. …Sauf aujourd’hui il l’accordait. Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire pour ce sortir de cet espèce de pétrin ? Simuler un malaise ? …Mouais s’il fallait donner un oscar du plus mauvais acteur, on le lui décernerait certainement. Franchement, maintenant il n’allait plus jamais oser ouvrir une boîte de misérables gâteaux. Il demanderait à quelqu’un d’autre de le faire pour lui, ou alors détruirait de suite la chose qu’il toucherait si c’est autre chose que l’aliment. Très bon initiative. Mais il fallait qu’il trouve alors un moyen de cacher les preuves.

Alors qu’il était mentalement en train de comploter sur la manière de comment procéder son prochain crime sur la misérable feuille qui oserait se trouver dans son prochain paquet de gâteaux, quelqu’un le sorti bien vite de ses pensées. …Gnié ? Maquillage ? C’était une blague là non ? …Il avait du mal comprendre oui. Cela ne pouvait être que ça. Au grand jamais il ne laisserait quiconque l’approcher avec n’importe quelle poudre douteuse et autre choses dans le genre. Quoique. Lorsqu’il arriva dans la salle, il n’eut d’autre choix que celui de s’asseoir, et de remarquer silencieusement qu’il ne s’était malheureusement pas trompé. …Cette histoire allait très certainement lui rester en travers de la gorge durant un bon bout de temps. Tiens, plus tard il irait travailler dans la publicité rien que pour empêcher ses espèces d’opérations, pour être sûr qu’une telle expérience ne se réitère. Ce n’était pas une bonne idée ? …Mouais faire des études juste pour ça ce n’était pas ce qu’il y avait de plus folichon.

Enfin, laissant donc faire la maquilleuse son travail, sans pour autant lui avouer qu’il préférerait de loin rester cloîtré chez lui, une idée lui traversa l’esprit. Et s’il faisait comme si il ne les comprenait pas ? Bon d’accord, il était déjà quasiment certain qu’il ne les comprendrait pas dans leur entièreté, mais il pouvait faire le crétin qui ne pétais pas un mot de japonais ! …Jouer à l’énorme touriste en gros. Sauf qu’en période scolaire, non cela ne le faisait pas vraiment. Maintenant, il pouvait toujours mentir sur son âge, mais ce n’était pas non plus comme s’il avait une tête de quelqu’un de plus vieux. Hmph. Il n’empêche que cette idée de jouer le crétin de service qui ne captait rien pouvait être utile. Avec un peu de chance, ils seraient tellement désespérés qu’il prendrait la première personne venue dans la rue !

…Tiens, la jeune femme qui s’occupait de lui il y a quelques secondes n’était plus là. Était-ce un espoir de pouvoir s’enfuir de cette pièce et du bâtiment tout court ? Non. Elle était juste un peu plus loin et saluait quelqu’un. Bon si cela l’amusait, il n’allait rien dire, mais ce qui l’arrangerait encore plus, c’est qu’elle oublie qu’il soit là et oublie de s’occuper de son cas tout court. Pourquoi donc le sol ne voulait-il pas s’ouvrir pour qu’il puisse s’enterrer ? Au moins personne ne le verrai et il serait tout à fait tranquille. …Si ce serait confortable. Quoiqu’il en soit, il releva la tête vers la maquilleuse lorsque celle-ci lui adressa la parole, et lui servit son regard de chien battu qui l’accompagnait la plupart du temps.

Aha. Chanceux ? C’était plutôt tout à fait le contraire oui. Mais bon, il n’allait pas lui dire qu’il préférait retourner chez lui sans demander son reste, et qu’à cause d’eux il développerait certainement une phobie des gâteaux. Si jamais il mourrait de faim ce serait de leur faute tiens. Il devrait même penser à porter plainte. Bien qu’il ne soit pas sûr qu’on ne l’écoute. Quel tristesse, pourquoi donc sa parole ne pouvait-elle pas avoir plus d’importance que ça ? Non ce qu’il sortait n’était absolument pas des idioties. Pourquoi donc ce papier s’était-il retrouvé dans les mains d’une pauvre et innocente personne telle que lui alors que plein d’autres voulaient certainement être à sa place et donnerait tout pour l’être ? …Les faits étaient réels. Il y avait bien une conspiration de la part des objets. Il fallait réagir, tout de suite avant d’être débordé. Mais que faire ? Déchirer tous les papiers sur son chemin ?

‘–Si vous le dites…’

Lança-t-il en commençant à se triturer les mains alors qu’un parfait inconnu venait s’asseoir à côté. Inconnu auquel il ne porta pas grande attention à vrai dire, venant de remarquer qu’il venait d’auto bousiller son plan ingénieux qui consistait à ne pas les comprendre. Durant un instant il hésita à se ronger les ongles, avant de changer d’avis. Il n’avait pas vraiment la moindre envie qu’on ne lui fasse de remarques là-dessus. Sauf que bon, étant donné qu’il avait besoin de s’occuper les mains d’une manière ou d’une autre, il commença à craquer ses doigts, ne se rendant absolument pas compte que certaines personnes pouvaient trouver cela horripilant. Bon de toute façon il faisait ce qu’il voulait de ses mains non ? Oui c’était mauvais pour ses articulations et bla bla bla. Ce discours il l’avait entendu des centaines de fois, mais il lui passait lui aussi par-dessus la tête.

Tiens, l’inconnu à sa droite avait lui aussi droit de passer par la case repoudrage ? AHA ! Au moins il ne serait plus le seul crétin à devoir supporter ça. Mentalité trois ans oui, mais bref passons. Enfin un point positif dans la journée. Qui pouvait-il bien être ? Le présentateur ? Peut-être. Bon de toute façon cela ne lui faisait strictement ni chaud ni froid. C’était un parfait inconnu qui en resterait un qu’il ne croiserait certainement plus de toute sa vie, alors pourquoi lui prêter plus d’attention que nécessaire ? Oh. Un nouveau venu vient faire son apparition, c’était un moulin ou quoi ici ? Le pire dans tout ça, c’était que Seward était parfaitement incapable de dire si l’une de ses personnes présentes était connue ou non.

Wow, wow, wow. C’est qu’il parlait vite là le nouveau pignouf ! –Oui il l’appelait comme cela lui chantait de toute façon il ne pourrait pas l’entendre.- Non mais comment voulait-on qu’il comprenne ce qu’on lui voulait ? Fronçant légèrement les sourcils, l’Anglais essaya de faire fonctionner ses méninges. Bon il lui fallut quelques secondes avant de deviner en gros ce qu’il lui voulait, mais au moins il y était arrivé ! Quel exploit, vraiment. Maintenant le tout était de répondre sans trop s’emmêler les pinceaux.

’- Tout l’honneur est pour moi. Je…Je suis Seward, Seward Greengrass. Hmph, ce…c’est la première fois que j’assiste à quelque chose du genre…’

Et il espérait bien que ce soit la toute dernière aussi. Même sans avoir encore mis ses pieds sur le plateau, il détestait déjà l’idée d’y aller. Qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir lui arriver ? Strictement rien de bon, c’était sûr et certain. …Il la retiendrait tiens sa mère, la prochaine fois quoiqu’elle dise si un espèce de billet du genre réussit à être survivant, il le lui refilera et ira s’enfermer à triple tour dans sa chambre jusqu’à ce que la date fatidique ne soit passée. Ce sera beaucoup plus sûr de la sorte. Il s’était fait avoir une fois, mais pas deux !

…Plus que dix minutes ? Qu’on le rassure, ce n’était pas direct en fait ? Cette question venait de lui frôler l’esprit. Non il n’avait pas pris la peine de retenir tout ce qui était écrit sur le papier. Et le sortir maintenant pour le redéchiffrer ne serait pas ce qu’il y a de mieux non plus. Fu. Si c’était le cas, il était plus que mal. Se ridiculiser devant deux trois personnes étaient une chose, mais là cela allait certainement en être une autre. …Bon il prendrait la décision de passer tout le restant de sa vie avec un sac plastique enfoncée sur la tête. Pas très pratique pour respirer et pour regarder où l’on va, mais au moins on ne pourrait pas le reconnaître !

Retournant légèrement sa tête vers la droite, et abandonnant l’idée de devenir Plasticman, une autre idée lui traversa l’esprit – C’est que ça commence à devenir une habitude, faut croire que son esprit finira par devenir une autoroute à idées-. Tout le monde lui parlait de ce Yuuhei –YEAH ! Il avait enfin retenu son nom !-, qui serait aussi sur le plateau. Si la personne à ces côtés était la seule à ce faire maquiller elle aussi, par déduction il s’agissait de lui non ? En toute logique, oui. Hrm, il ferait mieux de s’en assurer avant l’émission non ? Recommençant à triturer une nouvelle fois ses mains –C’est qu’il finirait par s’arracher un doigt à la fin- il hésita quelques instants avant de prendre la parole.

’-E…Excusez-moi, vous êtes Mr Yuuhei ? ‘

Oui les suffixes japonais eux aussi lui passaient par-dessus la tête. Non mais il préférait se concentrer plus sur le vocabulaire pour le moment, de toute façon au vu de sa tête il était certain que la plupart des personnes pouvaient savoir qu’il était étranger. Ce n’était pas une faute impardonnable quand même, si ? Boarf, de toute façon il n’y avait pas mort d’homme, tant qu’il ne lui parlait pas familièrement, on irait certainement pas l’étriper.

Et une bonne chose de faite ! Il avait réussi à trouver qui était le type au nom impossible que lui seul semblait ne pas connaître ! Génial, il remontait lui-même dans son estime, il n’avait pas encore réussi à trop se faire passer pour un crétin jusque-là, bien qu’il avait fortement pensé à le faire. Alors, à moins que la personne ne se soit fichue de lui, ça ne s’annonçait pas trop mal. …Quoique. Merlin seul savait ce qui pouvait bien l’attendre sur ce plateau. Si ce n’était pas en direct, il n’y aurait strictement aucun mal, on le renverrait certainement chez lui en deux-trois mouvements et chercherait le premier –ou la première- fan venue et referais le tout. Dans le cas contraire…Ils étaient tous on ne peut plus mal placés.

Oh et puis au final, ce serait entièrement de leur faute et non de la sienne ! …Certes il aurait pu tout mettre en œuvre pour ne pas y aller et refiler ce truc à n’importe qui, mais un grain de sable, …Ouais un grain de sable aussi gros qu’un mammouth mutant surtout, était venu contrecarrer tous les maigres plans qu’il avait imaginé. Il aurait très bien pu dire à sa mère qu’il avait perdu le billet, mais elle ne l’aurait certainement jamais cru. Ou aurait tout de suite vu sa mauvaise foi. Lui perdre quelque chose ? Bien que cela puisse paraître étonnant à certains, c’était un fait assez rare. C’était dans de tels moments qu’il aurait aimé être désordonné. Mais vu la façon dont le hasard/destin/ettoutcegenredechoses s’amusaient à lui retomber dessus, s’il l’avait été, il aurait été évident qu’il serait un des plus grand fans de Yuuhei et aurait réussi à perdre le dit ticket. Pourquoi donc la vie était-elle aussi injuste ? Qu’avait-t-il donc bien pu faire pour mériter une telle chose ? Pourquoi tant de haine ? La vie n’était-elle que le reflet d’une de ses tragédies grecques ? Ô Râge, ô Désespoir ! …Bon. Pour devenir un acteur ou un joueur de pièce de théâtre il reviendrait une autre fois. Arriver à parler devant une caméra serait déjà une bonne chose.

Plongé dans ses pensées, on ne peut plus joyeuses, et triturant encore et toujours ses mains -après tout tant qu’elles ne se plaignaient pas pourquoi arrêter ? Et non même si elles craquaient, ce n’était pas considéré comme étant une protestation de leur part- il avait complètement oublié la personne qui se trouvait derrière lui, et sursauta légèrement lorsqu’elle mit une main sur son épaule. Cherchait-on à lui faire faire une crise cardiaque ? Bon ce serait une bonne chose en même temps, il n’aurait pas à passer cette interview. Plus important : qu’est-ce qu’il lui voulait ? Fronçant légèrement les sourcils, comme s’il était en intense réflexion, Seward leva son regard de chien battu sur le manager, essayant de saisir tout ce qui lui était dit. Hmph. Il y avait quelque chose avec le fait qu’il soit européen. C’était vrai qu’il n’en avait pas beaucoup vu dans le coin, et n’avait pas non plus cherché à voir si il y en avait, mais on allait pas en faire toute une tartine, si ? Quoiqu’il en soit, alors qu’il allait lui répondre il le fit se lever, et le poussa vers la sortie de la pièce, l’amenant certainement vers le plateau. Zut. Il aurait bien voulu qu’on le laisse se perdre, et qu’il retrouve son chemin ‘bizarrement’ lorsque l’émission devrait être finie.

Il garderait ce plan en tête si jamais il y avait une prochaine fois. Là il se préoccupa plus du plateau qui était juste devant son nez, et sur lequel il devrait certainement aller quelques instants plus tard. Ce n’était absolument pas rassurant. Pas du tout. Lançant quelques regards et à gauche, l’étudiant espérait que par miracle, une sortie s’offre à lui ou que quelque vienne le sauver. Quitte à ce qu’une fan mal gérée se ramène en courant et en hurlant qu’elle voulait sa place, il la lui céderait volontiers. En plus de la sorte il se ferait passer pour un gentleman. …Non mais c’était qui en plus tous ses gens dans le studio ? Bon. Ne pas y faire attention, on lui avait dit de regarder qui encore ? …Les moniteurs, voilà ! Très bien, fixer une caméra il n’y avait strictement rien de plus horrible.

Enfin, lorsqu’il sentit une légère impulsion sur son épaule, lui indiquant sans aucun doute qu’il était temps pour lui d’entrer en scène, il ne put s’empêcher de regarder derrière lui, un air légèrement suppliant sur le visage, comme si il allait droit à l’échafaud. C’était le cas dans un sens, ou plutôt cela revenait au même. Merlin seul savait ce qui allait bien pouvoir lui arriver. Prenant le micro qu’on lui tendait, il tenta en vain de rendre le sourire à la présentatrice, mais il devait paraître plus crispé qu’autre chose. Il alla ensuite prendre place dans le fauteuil qu’on lui présentait, rentrant légèrement la tête entre les épaules, comme s’il voulait se faire remarquer le moins possible. Chose bien évidemment impossible lorsqu’on avait les projecteurs sur soi. Mais bien essayé quand même.

De nouveau, lorsqu’elle reprit la parole, il refronça légèrement les sourcils, formant un léger pli sur son front. Ils ne voulaient vraiment pas parler un peu moins vite ? En plus, le stress n’arrangeait strictement en rien les choses. Bon analysons. On voulait son nom, et quelque chose avec coulisses, beau et photo. …Hmph. Quel était le lien entre les trois ? Alors dans les coulisses qu’est-ce qu’il avait fait ? Il avait été directement dans la salle de maquillage. On ne parlait certainement pas d’elle. Beau. Cela ne le concernait absolument pas et puis vu l’intonation de la phrase c’était une question. …Oh ! Elle voulait certainement parler de Yuuhei…Heureusement qu’elle avait prononcé son nom quelques peu avant, sinon il l’aurait certainement oublié.

’-Je…m’appelle Seward. Oui, je l’ai croisé dans les coulisses, c’est vraiment perturbant de le voir en vrai.’

Ou comment ignorer superbement une des questions posée. Autant faire semblant de ne pas avoir tout compris, cela devrait bien marcher. Maintenant si on la lui reposait…Il continuerait de faire semblant de ne pas comprendre, ils lâcheraient bien l’affaire au bout d’un moment non ? Qu’est ce qu’il en savait s’il était aussi beau que sur les photos ? Jamais de sa vie il n’en avait regardé une. Ou alors son regard s’était posé sur une affiche sans qu’il n’y fasse attention. Oh tiens. On lui demandait son origine. En même temps il était vrai qu’il se démarquait du reste de la population. Uw…Par contre il était incapable de dire s’il était connu ou non en Angleterre. …Que répondre ? S’il disait oui et que ce n’était pas le cas, il se ferait passer pour un fan qui est persuadé que la star était connue de tous – bon c’était peut-être le cas maintenant- et on n’hésiterait certainement pas à lui poser des questions plus compliquées. S’il répondait non et que c’était le contraire…Et bien tant pis pour lui. Après quelques instants d’hésitation, il reprit en fin la parole.

’-Etranger. Anglais plus exactement. Et étonnement, il n’est pas vraiment connu là-bas.’

Aha. A part la Reine, tout le monde était des inconnus. Et quelques auteurs aussi. En tout cas pour lui. Maintenant, il lui suffisait de prier pour qu’il ne soit réellement pas connu là-bas. Bon sang. C’était quoi toutes ses questions ? On voulait réellement que son cerveau implose sous l’effort ? …Bon d’accord cela ne le dérangeait pas tant que ça de traduire, c’était plutôt répondre aux questions qui l’enquiquinait. Aha. Comment l’avait-il connu ?’ Oh et bien je me baladais dans le plateau quand un inconnu s’est pointé à mes côtés et s’est présenté comme étant Yuuhei. Voilà comment je l’ai connu. Je ne sais même pas ce qu’il exerce comme métier en fait.’ …Ah tiens oui. Il ne s’était même pas posé la question de savoir ce qu’il faisait. Chanteur ? Acteur ? Les deux ? Ecrivain ? Eboueur révolutionnaire ? Oui bon non. Il ne fallait pas non plus laisser son imagination aller trop loin, il risquerait de se perdre. Gnié ? Qu’est-ce qu’elle lui parlait de question maintenant ? Questions à qui, à quoi, quand ? Qui suis-je ou, suis-je, dans quelle étagère ? –Aha. Oui je trouve aussi que j’ai un humour décapant.- …D’abord répondre à celles qu’on lui avait posé. Ou à celles qui l’arrangeait plutôt.

’-C’est…une longue histoire. Mais je suis un fan assez récent ‘

…D’il y a quelques secondes oui, et encore il ne pouvait même pas se proclamer fan, autant se proclamer parfait inconnu touriste boulet de l’année. Bon. Pour les questions, étant donné qu’il n’avait même pas capté ce qu’on lui voulait, il pouvait faire le parfait imbécile sans avoir de remords, vu qu’il n’avait réellement pas suivit. Enfin, de toute façon, la personne connue sauf de lui, arriva sur le plateau, lui sauvant légèrement la mise. Bien. Que tout le monde porte son attention sur lui tiens et qu’on l’oublie. Ce fut à peine si il ne lâcha pas un soupir de soulagement. Ce fut aussi à ce moment-là qu’il remarqua qu’il n’était on ne peut plus tendu. Essayant de prendre une position un peu plus ‘normale’ il le regarda s’approcher de lui, s’asseyant à ses côtés. La caméra infernale, le retour. Oh tiens. Lui aussi parlait de questions. …Euh. Il devrait lui en poser ? Sur quoi exactement ? Wow, ce n’était absolument pas prévu ça. Sous la constatation, l’Anglais faillit lâcher le micro qu’il avait en main, mais le rattrapa in extremis. Mais oui, vas yyyyy casse tout le matériel tant que tu y es, c’est le meilleur moyen pour te faire passer inaperçu ! Hrm. Soit. Faire comme si de rien n’était. …Franchement, la prochaine fois il ne sortirait plus jamais de chez lui sauf pour aller à l’école, et prendrait un cobaye pour ouvrir ses boites de biscuits ou quoique ce soit d’autre. Il était hors de question de revivre quelque chose dans le genre.

Oh tiens. Il y avait des fil tout près, pourquoi ne pas essayer de se pendre avant que la situation ne dégénère encore plus ? Oui, si on continuait à lui poser ce genre de questions, il était certain qu’il allait se planter à un moment ou à un autre. Si il se mettait à s’étrangler, on le ferait partir non ? …Oui bon, il était masochiste non plus. Il faudrait trouver un autre moyen. Pitié. Faites que son imagination ne le lâche pas, et qu’il soit crédible.

Spoiler: