Aujourd'hui était un jour à marquer d'une pierre blanche.
Aujourd'hui était un jour unique, un jour spécial.
Aujourd'hui, Shizuka ne sècherait pas l'école.

Comment ça, c'était quelque chose de normal ? Ah, mais vous n'y êtes pas du tout, ma petite dame. Shizuka n'allait jamais à l'école. Jamais. Ca ne l'intéressait pas. Y'avait mieux à faire dehors. Bien mieux. Alors, toute la journée, elle traînait à Ikebukuro à la recherche d'une source de distraction quelconque, pourvu que ce soit plus intéressant que des mathématiques.
Pourtant, depuis quelques temps, Shizuka regrettait un petit peu ses camarades de classe. Que ce soit le petit fayot qui se mettait toujours au premier rang dont elle avait oublié le nom, cette bande de greluche qui ne pensaient qu’à la parfaite application de leur fond de teint ou cette espèce de brute épaisse dépourvue d’un semblant de système nerveux, elle aurait bien voulu revoir leurs sales têtes, pour changer un peu. Alors, aujourd’hui, Shizuka avait pris le chemin de l’école, comme tous les matins. Sauf qu’en passant devant le lycée Raira, elle n’avait pas passé son chemin, comme à son habitude. Cette fois-ci, elle avait inspiré un grand coup, rajusté ses couettes, pris son courage à deux mains et avait passé les grilles du lycée.

A son grand étonnement, lorsqu’elle entra dans le bâtiment, elle ne fut ni foudroyée sur place, ni prise d’une soudaine réaction allergique, ni même victime d’une crise cardiaque. Comme pour s’assurer qu’elle avait bel et bien survécu à cette épreuve, elle esquissa un pas. Puis deux, puis trois.
Puis elle fut emportée par la foule des lycéens qui arpentaient les couloirs, et qui lui fonçaient dedans sans même la voir. Un mètre trente, certes, ce n’était pas bien grand, mais enfin quand même, où diable avaient-ils appris les bonnes manières, ces zouaves ? Quand elle eut fini de pester contre l’éducation préhistorique qu’ils semblaient avoir reçu, la sonnerie retentit, la foule se dispersa et elle resta au milieu du couloir, seule. Seule, mais surtout complètement perdue. Elle se trouvait devant la salle 2-A, alors qu’elle cherchait la 1-B. Dans un éclair d’intelligence soudain, elle réalisa qu’elle était sans doute dans le bâtiment des deuxième années. Ce qui tombait mal, vu qu’elle était en première année. Il était huit heures.

A huit heure trente, Shizuka décida qu’elle en avait assez de faire le tour du lycée pour en revenir toujours au même point sans jamais croiser cette maudite salle 1-B. Certes, elle avait du mettre les pieds au lycée deux fois en comptant celle-ci dans l’année, en tout et pour tout, mais quand même, était-ce normal qu’elle se perde aussi facilement ? Et qu’est-ce qu’il lui était passé par la tête, à l’architecte qui avait construit ce bahut ? Tout se ressemblait, c’était pas possible !

C’est alors qu’arriva le deuxième éclair d’intelligence de la journée.
Demander son chemin. Pourquoi diable, une demi-heure plus tôt, n’avait-elle pas pensé à demander son chemin quand il restait encore quelques lycéens dans les couloirs ? Parce que c’était bien beau d’y penser maintenant, mais les couloirs étant vides, elle voyait mal qui elle allait pouvoir solliciter. Les murs, peut-être ?

Vides ? Attendez, pas si vite. Dans la troisième rangée de casiers, là-bas, c’était pas une fille qui rangeait ses livres ? Mais si, si, c’était bien ça. Tout en pensant qu’elle manquait cruellement d’autonomie et de sens de l’orientation pour une future pirate, Shizuka se rua vers la troisième rangée de casiers. La fille était toujours là. Sans se demander si l’illustre inconnue l’avait entendu arriver, elle lui sauta littéralement dessus, et se mit à brailler, brailler étant la seule façon de s’exprimer qu’elle connaissait.

- Hé, toi ! Tu sais pas par où j’pourrai trouver le bâtiment des premières années ? Je m’suis perdue, crut-elle bon de préciser. Ah, et tu penses que je peux débarquer avec une demi-heure de retard ? Et toi, d’abord, qu’est-ce que tu fous là une demi-heure après la sonnerie ? Me dis pas que t’es perdue aussi, quand même ?!

A

Shizuka poussa un soupir. L’inconnue sur qui elle venait de sauter en hurlant n’avait pas l’air franchement dégourdie. Voir même pas du tout. Allons bon. Ca n’l’aidait pas franchement, ça.
Elle allait donc répondre par un quelconque sarcasme ou tourner les talons sans plus de cérémonie, elle ne savait pas encore, mais la fille la prit de cours, proposant quelque chose de relativement logique, qui surprit pourtant Shizuka.

- Et si on aller chercher nos classes toutes les deux, hein ?
- … Certes, ça m’parait pas mal comme compromis. On va donc suivre mon sens de l’orientation absolument infaillible et partir, lança-t-elle en indiquant d’un large mouvement de bras une direction assez vague, par là ! Allez, traîne pas !

Et sans jeter un coup d’œil pour s’assurer que l’autre l’avait bien suivie, Shizuka partit en courant, avant de se rendre compte qu’elle fonçait vers l’endroit d’où elle venait, à savoir les bâtiments des troisième année. La mauvaise direction, quoi. Dans un éclair d’altruisme, elle jaugea rapidement sa compagne d’infortune. Non, elle non plus n’avait pas une tête à être en troisième année. M’enfin, on sait jamais, vaut mieux être sûre.

- Au fait, t’es en quelle classe, toi ? Ah, puis t’as un prénom ?

Quitte à se perdre ensemble, autant se familiariser un peu. Surtout qu’elles risquaient de traîner un bon moment ensemble dans les couloirs, selon l’humble avis de Shizuka. Pour passer le temps, cette dernière dégaina portable et écouteurs, n’en mettant cependant qu’un pour pouvoir vaguement entendre une hypothétique réponse de l’illustre inconnue qui n’avait toujours pas de prénom. La voix apaisante (ou presque) de Fairy Yui, la chanteuse de Yosei Teikoku, se déversa dans ses oreilles, ainsi que dans le périmètre alentour sur une distance d’environ un kilomètre, puisque la jeune fille avait mis le volume au maximum. Nullement consciente de son manque flagrant de discrétion, Shizuka continua tranquillement d’avancer, jusqu’à réaliser qu’elles étaient encore revenues au même point de départ, à savoir ces foutues rangées de casier. Qui se trouvait, ô surprise, juste à côté du bureau des surveillants.

Avisant à l’horizon une silhouette qui ne lui semblait pas tout à fait inconnue, Shizuka porta ses mains à son front, pour se donner le genre pirate aventurier, et tenta d’identifier l’envahisseur. Qui semblait se diriger droit vers elles, un air pas franchement ravi sur le visage.

- … Oups. Bon, puisque t’as pas l’air de bien connaître le lycée, je te laisse faire la connaissance de notre charmant CPE, monsieur Manukobé. Moi, je vais aller me planquer aux toilettes, passe me chercher quand t’auras fini de discuter, lui lança-t-elle, un sourire candide sur le visage.

Puis elle déguerpit, abandonnant, certes à regrets, sa presque nouvelle amie à son sort funeste.

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{Voila voila, désolée pour le retard, j'ai été prise par le temps ces dernières semaines, uhu. o/ Si ton perso connait vraiment pas le lycée, on n'a qu'à dire que les toilettes sont indiquées, pour que tu puisses me retrouver facilement après t'être fait passer un savon 8D *out*)