Erika avait traîné un bon moment dans la ville avec Walker, faisant le tour des meilleurs endroits pour otaku. Ils avaient passés une après-midi bien remplie et avaient finis par dépenser pas mal d'argent en figurines. Du côté d'Erika, elle s'était offert toutes les nendoroid de Puella Magi Madoka Magica, une figma white rock shooter, toutes les figurines Togainu no Chi, un Nyanko-sensei et une Konata a l'air stone. Alors qu'ils allaient rentrer, admirant les figurines dans leur emballage en attendant impatiemment de pouvoir les sortir de là et de les rajouter à leur collection, un bruit sourd se fit entendre quelques rues plus loin. Ils avaient entendu assez de fois ce genre de fracas pour ne pas douter de la personne qui en était responsable. Et vu les cri furieux qui allaient avec, il n'y avait pas vraiment de doute quand à l'identité de la personne qui était visée.

"Youhou ! On dirait bien qu'Izaya est venu faire un petit coucou à son chéri !"

Walker poussa un soupire en lui demandant d'arrêter avec ça, dépité par l'interprétation très personnelle qu'Erika pouvait avoir d'une relation basée sur une haine réciproque. Mais évidement les pensées de la fujoshi dérivaient. Elle crevait d'envie d'aller voir comment les "tourtereaux" se "tournaient autour". Mais il fallait vraiment n'avoir aucun instinct de survie pour foncer tête baissée sur un de leur terrain de jeu. Malgré tout, les bruits s'approchaient rapidement, de toute évidence ils n'allaient plus tarder à débouler dans la même rue. Et ça ne manqua pas, ils passèrent en trombe pas très loin des comparses otaku, Izaya raillant un Shizuo fou de rage, comme à leur habitude. Erika se dit qu'après tout, elle n'avait pas vraiment un instinct de survie très développé pour mener la vie qu'elle menait, alors que craignait-elle de plus ? Amusée, elle se mit à courir après les jeunes hommes, laissant un Walker étonné (et a qui elle laissa ses achats) derrière elle. Mais ils étaient trop rapides pour elle et ses motivations de fujoshi indécrottable ne suffisaient pas à lui faire tenir le rythme. Un peu déçue, elle les perdit de vue rapidement et fini par les rechercher un peu dans les alentours, espérant qu'ils s'étaient brutalement calmés après que l'un soit tombé sur les lèvres de l'autre par exemple ! (oui, l'imagination yaoiesque tourne parfois en rond, on ne peut pas être toujours original !)

Elle avait fini par rentrer dans la gare sur un coup de tête. Pourquoi pas après tout ? Mais il ne semblait n'y avoir aucune trace de ceux qu'elle cherchait ici non plus. Juste la foule habituelle de voyageurs qui se croisaient sans se regarder, les écouteurs sur les oreilles et le portable à la main. Rien de bien intéressant pour la jeune fujoshi. Cette foule de personnes renfermées sur elles dans les transports en commun, qui préféraient fixer un écran, dormir ou lire le journal plutôt que lever la tête et essayer de discuter avec le voisin, l'exaspéraient un peu. Ça pouvait paraître contradictoire avec son côté fujoshi, mais Erika était quelqu'un de très sociable et qui aimait faire de nouvelles rencontres. Et surtout, quelqu'un qui n'aimait pas la routine. Est-ce qu'on suivait la vie d'un personnage banal a qui il n'arrive strictement rien de nouveau dans les mangas ? Bien sûr que non. Et Erika ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'elle était peut-être le personnage de quelqu'un, pourquoi pas après tout ? Alors ça serait dommage de ne lui offrir qu'une vie banale et sans intérêt ! Et puis, avec un peu d'imagination on pouvait tout à fait rendre sa vie de tout les jours palpitante ! Et ça, Erika n'y manquait pas ! Mais les personnes qu'elle voyait passer devant elle ne semblait pas avoir de grain de folie pour embellir leur vie, ce qui décevait Erika. Elle promenait son regard dans la foule, ayant déjà complètement oublié Shizuo et Izaya qui devaient déjà être très loin tous les deux à l'heure actuelle. Des pères de familles aux traits tirés par la fatigue, des étudiants en petit groupes qui rentraient chez eux, des femmes pressées perdues dans leurs pensées, des personnes âgées qui se traînaient en pestant sur les jeunes qui les bousculaient sans s'excuser... etc. Vraiment, rien de bien original dans tout ça !

Et pourtant, alors qu'elle se décidait à partir et à rentrer retrouver Walker et ses acquisitions de la journée, elle vit une tignasse rousse qui contrastait fortement avec les cheveux noirs de jais qui l'entourait. Intriguée, elle s'arrêta et essaya d'apercevoir le visage de l'étrangère. C'était une très jolie jeune fille, armée d'une valise assez volumineuse dont le regard se promenait sur les panneaux d'indication de direction, cherchant de toute évidence son chemin. Une nouvelle arrivée à Ikebukuro ? Rien que ce détail avait de quoi provoquer la curiosité d'Erika. Mais il y avait autre chose, quelque chose qui lui paraissait particulièrement intéressant et qu'elle avait remarqué en s'approchant un peu d'elle. C'était cette lueur qu'elle voyait dans son regard. Cette petite lueur de joie de vivre un peu folle, du moins c'est comme ça que le percevait Erika. Plus que son physique d'étrangère, c'était cette lueur qui, parmi la foule de personnes au regard terne, la rendait la plus visible que tous les autres pour la fujoshi.

Erika s'était approché assez rapidement de la jeune femme aux cheveux de feu et elle n'hésita pas avant de lui adresser la parole, d'une voix énergétique et enjouée comme d'habitude.

"Excuse-moi ! Tu as l'air de débarquer, tu veux un coup de main pour trouver ton chemin ?"

Approche banale s'il en est, mais elle n'allait pas faire fuir la jeune femme en lui disant qu'elle avait trouvé son regard intéressant quand même ! En plus, ça ressemblerait à de la mauvaise drague ! Et bien sûr, ce n'était pas évident d'expliquer qu'Erika aimait juste trouver des personnes un peu folles, ce que la jeune femme aurait aussi pu prendre mal alors que c'était un compliment dans la bouche de la fujoshi. Erika se contenta donc d'une phrase bateau et d'un sourire.

Aujourd'hui, c'était le jour J. Après avoir longuement parlé avec les dirigeants de la nation japonaise, toute la semaine précédente, du meilleur plan d'action à mettre en place pour approcher ce fameux Shizuo, l'heure était enfin venu de quitter la base militaire pour aller sur le terrain. Cela n'avait pas été une mince affaire, la confiance n'étant apparemment pas la caractéristique majeure des nippons. Ils avaient passé leur temps à essayer de monter des stratagèmes divers et variés, avant de finalement se laisser convaincre de l'efficacité de Julia sur le terrain. Elle n'avait pas besoin de tout ce bazar qui se voulait rassurant, non, l'improvisation marchait bien mieux. Et quand Ivy prenait le dessus, ça devenait incontestablement son point fort.

Julia aimait lorsque les choses étaient posées, droites, précises et qu'il n'y avait qu'à suivre les instructions pour arriver à son but. Malheureusement dans ce type de mission, c'était juste impossible. Alors, dès que la jeune femme eu quittée ces réunions interminables, Ivy ne se gêna pas pour faire surface. Sûre d'elle, reine de l'impro et actrice qui parfois mériterait les meilleures récompenses mondiales, elle était parfaite pour se fondre dans un environnement inconnu et approcher sa cible sans avoir à être inquiétée. Avec Julia qui, en arrière-plan, tempérait et restait sérieuse en toutes occasions, le binôme de personnalités était parfaitement agencé pour se lancer dans la jungle d'Ikebukuro.

Après avoir préparé une valise remplie au maximum de sa capacité, elle demanda à ce qu'on la conduise au métro ou à la gare la plus proche. Bien sûr elle aurait pu demander à être directement amené en voiture au logement de fonction qui lui avait été réservé, elle préféra entrer tout de suite dans le bain. L'immersion et la meilleure des façons d'apprendre de son environnement et ainsi de s'y intégrer au mieux. Alors, la voilà dans le train, yeux et oreilles grandes ouvertes sur ce qui l'entour, en train d'absorber tout et n'importe quoi susceptible d'être utilisé par la suite.

Le voyage ne dura pas très longtemps, 45 minutes tout au plus. Mais durant ce court laps de temps, elle avait repéré des choses qui, disons, l'avait tout de suite intéressé. Il y avait un groupe d'étudiantes à côté d'elle. Des jeunes filles d'environs 16 ans, accrochées à leur portable, discutant de sujet futiles comme les garçons, l'école et les préoccupations habituelles des ados de ce pays.
Cependant, une dizaine de minutes avant d'arriver à destination, l'une d'elle reçut un sms qui fit tournée la tête de la rousse pour s'attarder avec plus d'attention sur leurs caquetages. L'étudiante en uniforme s'était exclamée « Ils ont recommencés ! Yumiko m'as envoyé une photo regardez ! Elle était sur place ! » et les autres fondant devant l'appareil électronique en « Woaaaaah » les yeux remplient d'étoiles. Elles se mirent à discuter de l'évènement, deux noms sortant à intervalle régulier de leurs bouches : Izaya mais surtout Shizuo.

Alors il était si connu que ça ce phénomène ? Bon, celles-ci donnaient plus l'impression de fantasmer sur les deux protagonistes, certaines ferventes du brun et les autres du blond, se livrant une petite bataille amicale pour décider qui était plus beau que qui etc... Le reste de la conversation ne lui apprit pas grand-chose, mais elle savait d'ores et déjà qu'elle pouvait trouver et apparemment approcher plutôt facilement sa cible. Puis le train s'arrêta, la voix électronique retentie dans le wagon et dans la gare, et l'espace se vida de sa population à une vitesse impressionnante. La nouvelle venue suivit la foule et atterri en plein coeur de la gare d'Ikebukuro.

Bon, si Shizuo était en ville en ce moment, il fallait sortir de là et vite, pour si possible, tenter dès maintenant une première approche. Ou au moins l'observer de loin pour vérifier la rumeur de sa force surhumaine. La rousse chercha donc des yeux la sortie, mais avec toute cette foule, c'était mission impossible. Alors, la valise posée à ses cotés, elle essayait désespérément de décrypter les symboles inscrits sur les panneaux d'indications. Forcément, durant les enseignements de son enfance et même ceux auxquels elle eut droit récemment, elle avait appris à parler et à comprendre le Japonais. Cependant elle avait toujours eu des difficultés à lire les mots et les lettres des alphabets particuliers comme le russe, le chinois ou le japonais.

Les yeux plissés, la tête levée, elle déchiffrait. Elle faisait attention aux personnes qui l'entouraient sans non plus s'attarder réellement dessus. Aux aguets sans l'être tout à fait, un peu comme un chat à demi-endormi. Et puis du coin de l'oeil elle repéra une personne qui semblait se diriger droit sur elle. Ce n'était peut-être qu'une impression, cette femme allait sans doute à la rencontre de quelqu'un d'autre, proche d'elle. Mais non, c'était bien l'étrangère qu'elle visait. La voix de la jeune femme s'éleva soudain à côté d'elle, et la rousse tourna la tête.

« Excuse-moi ! Tu as l'air de débarquer, tu veux un coup de main pour trouver ton chemin ? »

Tiens, elle tombait bien celle-là ! Elle n'avait pas particulièrement besoin d'aide et avec un peu d'acharnement elle aurait fini par trouver son chemin. Mais si on lui proposait de lui faciliter les choses, elle n'hésiterait pas à accepter et surtout, si cette jeune femme acceptait d'engager une conversation de courtoisie, elle pourrait glaner quelques informations. Les habitantsdu quartier sont bien les mieux placer pour parler de ce qu'il se passe dans leur environnement.

Les yeux d'Ivy s'illuminèrent alors et par réflexe, elle attrapa les mains de son interlocutrice entre les siennes.

« Ma sauveuse ! »

Des étoiles dans les yeux elle parlait d'une voix emplie d'émotion, avec cet accent particulier qu'elle avait ramené de sa langue natale, l'anglais. Elle enchaîna.

« Je viens d'arriver oui ! Ça se voit tant que ça ? Hein, hein ? Mais oui j'ai besoin d'aide je ne sais pas part où sortir il y à teeeeeeeellement de monde ici ! »

Elle accentua ses paroles par un regard circulaire, passant sur le hall bondé, puis replongea ses grands yeux bleus dans ceux de l'inconnue.

« T'es la première Japonaise que je rencontre ! Enfin non, mais si presque, enfin... Enchanté je m'appelle Ivy ! Et toi c'est comment ?! »

Le tutoiement était venu tout seul, c'était dans les habitudes d'Ivy de tutoyer tout le monde sans distinction de classe sociale ou d'âge. Un grand sourire plaqué sur le visage, elle ressemblait vraiment à une gamine émerveillé qui venait de débarquer à Disneyland et avait son grand idole Mickey en face d'elle. La journée commençait bien !

Erika se dit qu'elle ne s'était pas trompée. Parmi tous ces japonais discrets et réservés, bien qu'à la réflexion, Ikebukuro recensait pas mal de personnes dérangeant à la règle, la jeune femme se détachait avec un entrain appréciable. Au lieu du visage un peu surpris mais méfiant auquel Erika pouvait s'attendre, elle fut accueilli avec une chaleur et un enthousiasme presque exubérants. Elle aurait pu mettre ça sur le compte des origines étrangères de la nouvelle venue, mais à la place elle se dit que ça devait être quelqu'un de spécial. Sur ce point, elle n'avait pas tord. Elle ne savait pas à quel point d'ailleurs.

Sauveuse ? Erika aimait beaucoup cette manière de voir les choses, bien que se soit quelque peu exagéré.

« Je viens d'arriver oui ! Ça se voit tant que ça ? Hein, hein ? Mais oui j'ai besoin d'aide je ne sais pas part où sortir il y à teeeeeeeellement de monde ici ! »

Ça n'avait rien d'étonnant vu la taille de la gare ! Et la foule qui grouillait autour, se pressant vers un endroit précis et guidée par l'habitude, ne faisait rien pour améliorer les choses. Mais au moins la jeune femme semblait très à l'aise avec le japonais. Il n'y aurait donc pas de barrière de langue, ce qui aurait pu être embêtant pour Erika qui n'était pas vraiment douée avec les langues étrangères. Elle était soulagée que le problème ne se pose pas. Elle aurait surement dû baragouiner un anglais approximatif dans le cas contraire. Mais ça aurait été laborieux et pas forcément très agréable d'un côté comme de l'autre.

« C'est plutôt rare de voir quelqu'un qui a les cheveux roux dans les environ, tu sais ? Et comme j'ai vu ta valise et que tu lisais les pancartes, je me suis dit que tu avais peut-être besoin d'aide. »

Ce n'était pas tout à fait vrai, mais pas tout à fait faux non plus après tout.

« T'es la première Japonaise que je rencontre ! Enfin non, mais si presque, enfin... Enchanté je m'appelle Ivy ! Et toi c'est comment ?! »

« Je m'appelle Erika ! Mais tu peux m'appeler comme bon te semble ! Je suis presque la première japonaise que tu rencontres et tu parles si bien ? C'est impressionnant ! Je suppose que le presque c'est pour les profs que tu as eu, non ? C'est la première fois que tu viens au Japon donc ? Et pourquoi avoir choisi Ikeburo ? Ah, excuse-moi, je pose peut-être beaucoup de questions ! »

Erika tutoyait tellement facilement qu'elle ne se rendait pas compte qu'elle pouvait se montrer impoli en étant si directe. Pas plus qu'elle n'avait fait attention au fait qu'Ivy aussi la tutoyait. C'était juste quelque chose de tout à fait normal et naturel pour elle. Pourtant, il lui arrivait bien d'utiliser des formes de politesse, mais de la même manière qu'elle préférait utiliser des surnoms que les véritables nom des personnes qu'elle côtoyait, elle n'aimait pas être trop cérémonieuse. Autant profiter de la jeunesse pour ne pas trop s'encombrer de tout ça, non ?

Erika était plutôt heureuse d'être la première à la rencontrer. Après tout, Ivy aurait très bien pu tomber sur une personne bizarre ! (elle ne doutait pas du fait qu'elle ne l'était pas elle-même, mais bon, on dira qu'elle aurait pu tomber sur pire que la fujoshi... comme un certain informateur un poil sadique sur les bords et pas forcément très recommandable par exemple) Mais Ivy était venue toute seule au Japon, alors que c'est la première fois qu'elle y mettait les pieds ? Erika en était un peu étonnée, mais ça ne faisait que renforcer l'intérêt qu'elle lui portait. Peut-être que la jeune étrangère souhaitait visiter le Japon tranquillement et était partie à l'aventure sans se prendre la tête. Où alors comptait-elle s'y installer et avoir une vie active au Japon ?

« Tu es venue pour quelle raison ? Tourisme ? Emménagement ? Voir quelqu'un ? Faire des études peut-être ? »

Erika ne s'en rendait compte qu'au moment où elle posait la question, mais il y avait vraiment tout un tas de possibilité. Et aussi, elle était un peu trop curieuse et pouvait gêner son interlocutrice. Mais ça, ça ne lui passait pas vraiment par la tête. Après tout, pourquoi aurait-elle été gênée ? Le concept de vie privée n'était pas forcément très clair pour Erika. Ou elle n'avait pas forcément envie qu'il le soit...

Erika senti sa poche vibrer. Il ne lui était pas bien difficile de deviner qui s'était. Walker lui avait envoyé un sms pour lui demander où elle avait bien pu passer depuis tout ce temps. Elle se dit qu'il était tout de même drôlement patient et compréhensif pour ne pas s'être inquiété de ça plus tôt, ou il ne voulait rien savoir de ses suppositions farfelues de yaoistes, mais surement qu'il commençait à se dire qu'elle avait peut-être trouver quelque chose d'intéressant durant sa poursuite. Quelque chose qui pourrait l'intéresser aussi, comme par exemple une édition limitée de Freezing. Quoi qu'elle avait bien plus de chances d'être émoustillée devant une réédition de luxe de Kizuna ou de Viewfinder...

Erika lui répondit juste de ne pas l'attendre et qu'elle était à la gare. Laisser Walker se demander ce qu'elle voulait faire l'amusait. Elle l'imaginait en train de se faire des films, comme de croire qu'Erika était en train de chercher des traces d'extraterrestres qui se cacheraient parmi les hommes après avoir aperçue une étrange lueur non identifiée dans le ciel. Ou quelque chose du genre. Elle n'aurait rien eu contre, bien au contraire, mais pour le coup c'était un peu différent.

Erika rangea son portable et redressa la tête vers Ivy, armée d'un large sourire. Elle s'imaginait vaguement que cette dernière pouvait bien être un extraterrestre infiltré qui chercherait des informations sur le quartier dans le but d'un atterrissage prochain de son vaisseau-mère dans les environs, vaisseau qui voudra bien sûr capturer des humains pour comprendre le fonctionnement de leurs anticorps histoire de faire face à une énorme épidémie mortelle sévissant sur leur planète et que leur technologie ne permet pas de combattre. Tiré par les cheveux ? Venant d'Erika, ça aurait pu être bien pire ! Elle ria intérieurement en s'imaginant la tête que tirerait Ivy si elle apprenait ce à quoi à pensait à ce moment-là. La prendrait-elle pour une folle ?

« Ah ! au fait ! C'est probablement la première question que j'aurais du te poser mais : où dois-tu aller ? »

Erika, voilà le prénom de l'âme charitable qui était venu spontanément en aide à notre américaine. Elle avait l'air assez vive et pleine de joie de vivre comme l'était Ivy. C'était plutôt drôle de rencontrer quelqu'un comme ça à l'autre bout du monde, qui plus est dans un pays réputé pour son sérieux et son côté pudique. Bref, la jeune brune enchaîna sur le fait que l'étrangère parlait bien le japonais alors qu'elle venait de débarquer et la réponse à son interrogation était en fait présente dans sa question. Sans laisser le temps à notre agent sous couverture de répondre, elle continua à faire sortir son flot de paroles, jusqu'à se rendre compte qu'elle venait de demander beaucoup d'informations d'un coup. Ça ne dérangeait pas la rousse d'y répondre, au contraire, elle adorait s'inventer une vie dans ce genre de situation.

« Non ne t'en fais pas ! C'est normal d'être curieuse ! Je suppose qu'il n'y a pas énormément d'étrangers par ici. Tu as bien deviné j'ai appris le japonais avec un professeur les deux années dernières avant d'arriver ici ! Donc je me débrouille c'est vrai. Et oui, c'est bien la première fois que je viens c'est pour ça que je suis un peu perdu. Tout est si différent et si semblable à la fois ! C'est vraiment étrange comme impression mais c'est excitant ! J'ai l'impression d'être une exploratrice arrivant dans une tribu indigène ! Enfin, dans une très très grande tribu je dois dire ! »

Elle parlait vite, reprenant à peine son souffle entre chaque phrase, comme subjuguée par tout ça. Elle avait lâché les mains d'Erika et sétait servie des siennes pour faire toute sorte de geste alors qu'elle racontait sa vie. Un peu comme les Italiens étaient réputés pour le faire, elle faisait beaucoup de mouvements pour illustrer ses paroles. Elle reprit sans attendre, il restait encore une question non élucidée.

« En fait je n'ai pas choisi Ikebukuro, on a choisi pour moi. Mais j'ai vraiment hâte de découvrir ce quartier ! »

Oh oui, pour avoir hâte, ça, elle avait hâte. Elle voulait au plus vite connaitre chaque rue sur le bout des doigts, repérer tous les endroits stratégiques pouvant être utiles à sa mission, rencontrer les habitants et en particulier sa chère cible. Et puis si tout le monde ici ressemblait à cette jeune femme, elle allait vraiment bien s'amuser ! Alors qu'elle s'imaginait déjà au coeur de folles fêtes alcoolisées ici et là, en train de rire et de raconter n'importe quoi dans sa langue maternelle, Erika reprit la parole, sans doute intriguer par la réponse évasive qu'avait donné Ivy concernant le choix de ce quartier en particulier.

« Tu es venue pour quelle raison ? Tourisme ? Emménagement ? Voir quelqu'un ? Faire des études peut-être ? »

Pour quelle raison hein ? Ben pour une excellente raison qui se trouvait être un ordre commun du gouvernement américain et japonais. Mais bon, elle ne pouvait tout de même pas dire ça comme ça, où à la rigueur le dévoilé et faire passer ça pour une plaisanterie. Mais Julia la rappela intérieurement à l'ordre, la suppliant de ne pas faire n'importe quoi et de ne pas compromettre la mission. Très bien, alors Ivy ferait une nouvelle fois travailler sa créativité pour trouver une réponse plaisante.

Bon, pour quelles activités était connu Ikebukuro ? En plongeant dans ses connaissances, elle se souvint de plusieurs points phare de l'endroit. Ici il y avait la plus grande librairie du Japon, il y avait aussi énormément d'activités commerciales et culinaires... Ah et aussi beaucoup de choses en rapport avec le monde du spectacle. Ce dernier point était pas mal, elle allait se servir de ça. C'était bien un domaine dans lequel on pouvait avoir besoin de l'expérience d'étranger n'est-ce-pas ?

« En fait mon père est directeur de théâtre ! Il a produit beaucoup de spectacles chez nous en Amérique et il a été appelé ici pour s'occuper de plusieurs pôles de spectacle. Des comédies musicales, du théâtre ce genre de choses. C'est en fait plus un business man qu'un artiste, mais il fait du bon travail ! »

Oula, c'était un peu risqué ça. Ce genre de personnes, surtout connu internationalement ont une grande réputation et avec une petite recherche sur internet on connait toute leur vie. Il faudrait qu'elle appelle le QG pour les informer de ça et qu'ils fassent le nécessaire pour créer cet homme de toute pièce. Ce n'était pas grand-chose pour le pouvoir de deux pays réunis, mais Julia dut faire une nouvelle pique de rappel à l'ordre à Ivy. Il ne fallait pas qu'elle pousse le bouchon trop loin au risque de faire de grosses erreurs. Enfin, les deux personnalités savaient ce qu'elles avaient à faire, et même si la rousse vive et exubérante était parfois un peu borderline concernant son travail, elle n'avait encore jamais fait avorter une mission pour ce genre de choses.

Bref, son histoire et sa vie s'écrivait en même temps qu'elle discutait avec la Japonaise, qui d'un coup, sortit son téléphone de sa poche pour taper sur son clavier. Sans doute était-ce des amis à elle qui voulait la voir ou ce genre de choses. Alors qu'elle avait la tête baissée sur son écran, Ivy repéra du coin de l'oeil un homme qui était pour ainsi dire, le type même du pickpocket. Il se dirigeait vers les deux femmes, les mains dans les poches d'un sweet large et gris, la tête recouverte de la capuche de ce dernier. Il était tellement flagrant que s'en était presque visible. Son but ? La valise de la rousse. Bah forcément, c'était une proie facile à première vue. Une étrangère perdue dans une foule, son bagage derrière elle, donc logiquement hors de vue. Facile à dérober se disait le petit voleur. Dommage pour lui, il ne savait pas à qui il s'attaquait.

Alors qu'il était prêt à passer à l'action et était tout proche de la valise, Ivy qui avait prévu tous ses mouvements d'avance ainsi que sa trajectoire, tendit négligemment une jambe en arrière. Un geste pas forcément rapide, fait naturellement, comme si elle avait voulu s'étirer, et qui eut pour effet d'envoyer le pauvre bougre qui ne s'y attendait pas au tapis. Le timing fut parfait, parce que le petit chenapan eu le temps de se relever et de partir en courant avant qu'Erika reporte son attention sur le visage souriant d'une Ivy satisfaite de sa performance. C'était plus drôle qu'impressionnant, mais ça restait une victoire contre les méchants hein ! Ce n'était pas rien !

Qui était vraiment les méchants et les gentils dans l'histoire ? Allez savoir, ça tient de la question philosophique tout ça. Mais quoi qu'il en soit, personne ne devait toucher de près ou de loin à son bagage. Parce qu'outre être rempli d'habits et de paires de chaussure, la malle contenait des armes et du matériel électronique perfectionné servant à des choses diverses et variées. Des trucs d'agent secret du gouvernement quoi.
Bref, Erika posa une nouvelle question et pas des plus idiotes en plus de ça. Où devait se rendre la rousse ? Bonne question. Ivy sortit son portable d'une des poches de sa veste et cliqua plusieurs fois sur l'écran tactile jusqu'à ce qu'une adresse écrite en japonais apparaisse. Elle tendit l'engin à son interlocutrice.

« Je dois aller là, c'est la nouvelle adresse de mon père. Mais j'ai un peu de mal à lire le Japonais alors ça risque d'être difficile pour moi de me repérer une fois dans la ville. Si tu veux bien m'accompagner ou me donner des indications ce serait vraiment gentil de ta part ! C'est déjà gentil d'être venu à mon secours pour me sortir de la gare ! »

Bon, plus qu'à se faire sortir de là et rejoindre l'appartement qui lui avait été réservé. Là-bas elle ferait son premier rapport suite à son arrivée, et se préparerait à une nouvelle sortie mais cette fois dans le but précis pour lequel elle était ici.

[Je suis vraiment désolée d'avoir mis autant de temps à répondre T-T. Je veux toujours avoir suffisamment de temps pour écrire un rp en une fois, mais comme je profite de mes vacances en même temps, j'ai du mal à trouver un trou assez important -_-'... Faut que j'arrête ça et que j'écrive un peu dès que j'ai le temps ><]


Erika jeta un regard autour d'elle. La gare s'était un peu vidée, la vague humaine sortant du train s'étant dissipée, bientôt remplacée par une nouvelle. Mais il restait du monde qui attendait devant les endroits où s'ouvrent les portes, figés comme des poteaux, le regard perdu dans le vide. La foule grossissait à vu d’œil et disparaitrait, au moins en partie, avec le prochain train. Un troupeau poussera pour sortir, sans prendre garde aux gens qui les entourent, puis de nouveau la troupe des gens qui attendent grossira. L'homme serait une espèce plus évoluée que les autres animaux ? Pourtant Erika ne voyait que des fourmis suivant toujours le même trajet sans réfléchir. Elle soupira intérieurement. Ce que toutes ces personnes se fondant dans la foule pouvaient être ennuyeuses ! Dans un manga on aurait déjà eu des bombes biologiques en forme de jouet pour enfant cachés dans les rames, un train fantôme qui réalise les souhaits mièvres où une sadique de passage qui pousse sur les rails la petite-ami de l'homme qu'elle aime (même s'il fallait bien admettre qu'elle préférait la fin officielle aux alternatives).*

Erika refixa son regard sur Ivy tandis qu'elle répondait à ses questions. Des étrangers ? Il y en avait bien, mais c'était clair qu'Ikebukuro n'était pas l'endroit le plus touristique de la capitale, ni celui où ils s'installaient le plus souvent. Mais Erika était vraiment impressionnée. Ivy n'avait fait que deux ans de japonais et elle se débrouillait aussi bien ? Ses cours devaient vraiment être intensifs et elle devait aussi être particulièrement douée. Erika siffla d'admiration. Elle ne pensait vraiment pas être capable d'apprendre une langue étrangère aussi vite, même en ne faisant que ça de ses journées. Elle saturerait vite et n'enregistrerait plus rien. Pourtant, elle pouvait stocker toujours plus d'infos concernant la culture otaku, mais voilà, on apprend quand même beaucoup plus vite avec quelque chose qui nous passionne. Par contre une... tribu indigène ? Elle explosa de rire, surprise par le terme utilisé. Ivy n'avait pas sa langue dans sa poche.

« Tu ne devrais pas dire ça à n'importe qui, y en a pas mal qui le prendrait mal tu sais ? Remarque, ce n'est pas du niveau de Ririchiyo, mais quand même ! Ah ah, j'imagine la tête qu'aurait tiré une personne normale ! Ah excuse, je sais que tu ne pensais pas à mal ! Je trouve juste ça très drôle comme manière de voir les choses ! Je ne t'ai pas vexée à rigoler j'espère ? »

Alors on avait choisi pour elle ? Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Il fallait bien l'admettre, le quartier craignait. Les guerres de gang c'était déjà quelque chose, mais si on ajoutait à ça un blond colérique à la force herculéenne, un manipulateur sadique qui aimait s'inviter à l'improviste dans les parages, un institut qui faisait des expériences plus que douteuses, une fille sans tête ou des « éventreurs » qui mine de rien étaient plutôt nombreux, ça faisait un sacré condensé de trucs bizarres dangereux. Autant dire qu'il y avait quand même plus tranquille pour accueillir une jolie jeune étrangère. Mais Erika se disait qu'Ivy n'avait peut-être aucune envie d'un coin plus tranquille. C'était peut-être le genre de personne qui préférait là où ça bouge justement, quitte à ce que se soit un coin pas très recommandable. Mais après tout elle n'en savait rien, elle venait tout juste de la rencontrer. Ce qui ne l'empêchait pas d'imaginer bien sûr, n'était-ce pas une de ses spécialités ?

Ivy expliquait que son père était directeur de théâtre. Erika se demandait en quoi ça pouvait bien consister concrètement. Elle n'avait qu'une idée assez vague, mais elle se dit que le plus important à retenir était qu'il travaillait dans les arts du spectacle et qu'il y était assez important. Le théâtre n'entrant pas dans les passions d'Erika, même si elle n'avait rien contre, elle n'avait pas particulièrement envie d'avoir plus de renseignements là-dessus. Non pas qu'elles s'en fichait, du tout, juste que ce qu'Ivy lui avait dit dessus lui suffisait.

« Ça a l'air d'être un travail qui prend pas mal de temps ! Tu peux quand même le voir souvent ? Il n'est pas venue te chercher d'ailleurs ? C'est parce qu'il est trop occupé ? »

Erika sourit intérieurement en se disant que, si c'était le cas, il ne valait mieux pas qu'Eikichi passe par là. Pourtant, ce n'était pas le genre de sujet qui prêtait à sourire normalement et son humour n'aurait pas forcément été compris. La fujoshi avait au moins la présence d'esprit de garder un air sérieux. C'était déjà ça.

Sa famille était riche alors ? Où peut-être qu'Erika sautait trop vite aux conclusions. Businessman ne signifiait pas forcément plein aux as, c'était juste un raccourci facile. Mais ça lui rappelait un peu Kasuka, même si bien sûr la situation n'avait rien à voir. Enfin, le fait que quelqu'un travaillant dans un métier de représentation, comme le théâtre mais aussi le cinéma ou autre, vienne des États-Unis pour travailler au Japon lui paraissait quelque chose de normal. Il y avait une sorte de mode pour les occidentaux, qui faisait multiplier les pubs faites par des américains ou des européens par exemple. L'américanisation du mode de vie et des arts avait lieu depuis bien longtemps aussi. Alors Erika trouvait que c'était tout à fait logique. Et puis, elle savait bien que le Japon était aussi une mode dans les pays occidentaux, ce qui facilitait surement ce genre d'initiative. En plus, le fait d'être étranger, bien que ça pouvait être handicapant en tant que citoyen lambda, pouvait lui servir de pub.

Ivy lui montrait où elle devait se rendre. Bien sûr, Erika connaissait. Après tout, ne faisait-elle pas des tours dans tout le quartier à longueur de soirée, à pied ou en van ? Elle avait largement eu le temps de connaitre tous les coins par cœur ! Même, ou peut-être surtout, les coins les plus cragnos des environs pour dire vrai.

« Oui, je vois où c'est ! Je peux t'y accompagner, après tout je n'ai rien de spécial à faire aujourd'hui. Et puis comme ça on pourra continuer à discuter ! Si ça ne te dérange pas bien sûr ! »


* Les deux premières références sont faciles à trouver, mais si quelqu'un trouve la dernière c'est que cette personne a très bon goût :3 (par contre, connaître la seconde donne un malus en charisme :p)

Erika se mit à rire. Elle était jolie comme ça, avec son grand sourire et ses sursauts de joie. Elle était vraiment gentille et semblait être bienveillante. Elle cherchait le bien de la rousse et lui souhaitait une bonne intégration à en croire ce qu'elle était en train de lui dire. Elle lui conseillait de faire attention à ses paroles, sous-entendant que certain Japonais pourrait être susceptible et mal comprendre le genre de réflexion qu'elle venait de faire sur le pays. Ivy nota la remarque, bien qu'il ne soit pas coutumier pour elle de réfléchir avant de parler ou d'agir.

Avait-elle été vexée par la réaction de la brune ? Non pas du tout. La rousse ne lui en voudrait pas pour si peu, au contraire. Voir qu'elle avait fait rire avec ses bêtises lui plaisait et la mettait de bonne humeur. Elle hocha donc la tête de gauche à droite en souriant, montrant à la Japonaise qu'elle n'avait pas du tout mal prit son soudain éclat. Elle avait bien comprit que ce n'était pas pour se moquer.

L'américaine enchaîna donc, racontant un peu sa vie suite aux questions de la Japonaise qui ne put s'empêcher d'en demander d'avantage. Ce n'était pas de la curiosité mal placé, Ivy le savait, et elle aimait d'autant plus ça car elle pouvait construire d'avantage son soit disant cadre de vie. Un père directeur de théâtre avait-il beaucoup de temps libre ? Pouvait-il se permettre de faire passer sa famille avant son travail ? Sans doute que non. C'était arrangeant de dire qu'ils ne se voyaient presque jamais, car en aucun cas la rousse ne serait vue en compagnie de son paternel. Quoique... Cela pourrait peut-être arriver dans des situations particulières. Mais ce serait tellement rare qu'il valait mieux le faire passer pour un papa fantôme.

« C'est vrai que son travail lui prend la majorité de son temps. On ne se voit presque jamais, mais on s'aime quand même ! C'est le plus important ! »

Un sourire de circonstance et voilà un vrai faux mensonge bien posé. Vrai-faux parce que même dans la réalité, Ivy-Julia n'avait que très peu de contact avec son géniteur, qui était d'ailleurs plus un instructeur qu'un père. Bref passons, ce n'était pas le moment de penser à ce genre de choses.

Erika savait où se trouvait l'endroit qu'indiquait les écritures sur le téléphone portable de la rousse et elle proposa même de l'y conduire. Parfait. Ivy ne perdrait pas son temps à cheminer des heures dans les rues du quartier pour enfin trouver son logement. Et puis comme le disait si bien la jolie brune, continuer de discuter l'une avec l'autre serait vraiment plaisant. La rousse rangea alors son appareil électronique dans sa poche et tourna son buste en direction de sa valise. Elle reprit celle-ci en main et la rapprocha d'elle, la collant contre sa cuisse, serrant fermement la poignée dans sa main. Elle était tout à fait prête à partir à l'aventure ! Enfin, plutôt à suivre gentiment la Japonaise. Mais dans un environnement totalement inconnu, toute excursion tenait de la découverte avec son lot d'émerveillement et de péripéties.

« Ça ne me dérange pas du tout ! Au contraire ! Ce serait génial que tu me montre le chemin ! En plus continuer à parler avec toi me ferais super plaisir ! Sans compter qu'il faut que je continue à parler en Japonais si je veux bien intégrer tous les mots et les expressions que vous utilisez ! Et mon accent ça va ? Il n'est pas trop prononcé ? Parce que les sonorités de votre langue sont assez différentes. Euh... Pardon je parle trop... »

Ça, oui, elle parlait beaucoup et surtout elle voulait parler trop vite, ce qui faisait que sa langue trébuchait parfois sur certains mots qui les rendaient difficilement compréhensible pour une oreille habituée à entendre du Japonais correct. Elle finirait par s'habituer et par réussir à parler clairement au débit souhaité. En attendant, il allait falloir qu'elle se force à être un peu moins fofolle et brouillonne dans ses phrases.

Bref, pour l'heure, l'important était qu'elle allait enfin sortir de cet endroit saturé d'individus en tout genre. Un peu d'air frais lui ferait le plus grand bien. Enfin, air frais étaient des grands mots parce qu'au coeur d'une capitale comme celle-ci, rempli de véhicules, d'usines, de bureau, de restaurant et de gens, ça devait faire un sacré taux de pollution. Dans tous les cas elle aurait plus d'oxygène qu'ici, ce serait déjà ça. Et elle retrouverait le ciel et le soleil.

Armée de sa valise qu'elle cramponnait fermement et de sa motivation, elle se mit à marcher, suivant joyeusement Erika, la jolie Japonaise qui l'avait accueillie et qu'elle aimait déjà.