« You can't start from ; Where I end ; You can't start from ; Where I end »

La sonnerie retentit. Comme ci. Comme ça. Loin de là les mauvaises idées, juste quelques sons qui se suivent et s'égosille à chaque fois que cette porte s'ouvre. Cette clochette en haut de cette porte, c'est ce qui fait cette mélodie peut rythmique. Elle maudissait ça. Elle ne dirait pourtant rien là dessus.

Elle l'avait poussé, cette porte faites de verre. Comme ci. Comme ça. Rien de bien méchant, elle désirait juste accéder à l'entrée de cette barricade pour y voir l'intérieur. Rien de bien méchant, elle voulait juste leurs cracher à la tronche qu'il devrait s'acheter un magnétophone plutôt qu'une pauvre clochette à vache de ferme.

Aujourd'hui encore, elle était détestable. Comme ci. Comme ça. On le voyait rien qu'à sa tenue. Entre le slim en jean qui lui collait aux jambes, les chaussures à talons faites de laines beiges qui ferait presque penser à l'hiver au pôle nord, son t-shirt blanc cassé avec le drapeau américain dessus qui tombait de ses épaules et qui laissait paraître les élastiques de son soutiens gorges, son casque de couleur mauve autour de son cou, ses cheveux attachés en queue derrière sa tête et puis … Ses lunettes de soleil mise sur son nez alors que le temps était aux nuages.

On savait ce qu'elle préparait. Comme ci. Comme ça. La connaître n'était pas obligatoire pour sentir le mauvais coups venir, rien que de voir son air totalement blasé sur son visage l'aidait amplement à faire ressentir aux autres ce qu'elle allait faire.

Alors elle marcha, faisant claquer ses talons sur le sol pour les faire résonner dans la boutique. Comme ci. Comme ça. On aurait pu croire qu'elle se croyait loin, très loin. Sûrement se voyait-elle comme la futur Miss Canada qui sait. Ah, si seulement ceci existait. Si seulement.

Ce seulement n'était pas vrai. Comme ci. Comme ça. On s'en doutait tous, lorsqu'elle s'était approché du comptoir avec un air hautin sur son visage et qu'elle n'avait même pas prit la peine d'enlever ses lunettes teintées pour regarder le vendeur, on avait senti qu'elle allait dire une belle bêtise.

Ce vendeur, c'était sûrement un étranger au pays. Comme ci. Comme ça. Sa peau le montrait tout autant que son accent, et pourtant, elle ne s'en douta pas. Elle était blonde aussi. Mais ça n'avait pas grand importance, elle était Alivia Ells.

Alors elle parla d'une voix forte et posée. Comme ci. Comme ça. Juste pour voir comment ça ferait. Bien sûr, ses yeux regardaient de gauche à droite l'étalage. Elle cherchait désespérément quelque chose, mais nul ne savait quoi.

« Bonjour. Ne vendez-vous que des sushi ici ou serait-il possible d'avoir des panzani ? »

La musique de la pub pour ces pâtes passait doucement à travers son casque. Comme ci. Comme ça. Elle avait une soudaine envie de féculent et ne pouvait qu'essayer d'y répondre. Pas par du riz en boulette. Mais par des pâtes en sauce. Bien entendu, on lui répondit que non. Une blague, c'était la seule raison possible de cette réponse. Qui ? Qui n'avait pas de panzani dans sa boutique ? Le Diable lui même possédait tout un stock dans son antre, et personne n'avait le droit de toucher à ses provisions.

Mais il faut croire qu'un Russe n'en possède pas. Comme ci. Comme ça. Juste une seule fois. Elle ne redemanderait plus une seconde fois. Par contre, elle savait comment réagir. Elle prit la carte et vérifia. Un part un, elle lut. Et pourtant, le vendeur continuait à dire « Sushi good, bon sushi » alors qu'elle, elle voulait des panzani. Elle ne voulait pas de Lustucru en ce moment, ni même une autre marque, ce qu'elle voulait, c'était ces pâtes. Elles et uniquement elles.

Comme ci. Comme ça. C'était toujours pareille. Monotone journée qui se présentait encore là. Ah, si seulement ce bon vieux Ludwig Van n'avait pas eut cette odieuse pertinence que de mourir, elle aurait pu passer des journées bien différentes de celle-ci. Et pourtant, c'était toujours les mêmes, et quand elle voulait changer cela, elle se retrouvait dans des situations idiotes et inappropriés.

Alors suffit ces « Comme ci. Comme ça. » et pourquoi place au « Comme ceci et comme cela ». Parce que c'est la même chose. C'est comme toutes ces journées qui passent, toutes différentes en apparences mais pareilles en profondeur : ennuyante à mourir.

Mais c'était présent. Toujours. Ce petit côté pimenté de sa vie. Ce qu'elle aimait. L'adrénaline qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle se pouvait se dire « Les autres ne l'ont jamais fait. Je le ferais. » ou toute autre forme de phrase signifiant qu'elle serait la première dans cette performance.

Parce qu'elle était la meilleure.
Et qu'elle seule comptait.

« The power of love ; A force from above ; Cleaning my soul ; Flame on burn desire »

Elle se croyait forte, tout en haut de ses talons. Se pensant intouchable, belle et mature. Se disant que rien n'y personne ne pouvait l’arrêter. Peut-être se voyait-elle en Jack dans le Titanic, lui, largement étalé sur le ponton, regardant au loin la mer et son horizon. Qui sait.

Que la croix d'un marin fonde et soit jetée à la mer sur l’œil d'un requin si elle se doutait qu'elle se ferait aborder par quelqu'un qui lui était inconnu, ici. Dans un restaurant de sushi. Elle n'avait en aucun cas demandé à ce qu'on lui parle, alors avait d'abord crut à un serveur qui lui offrirait gentiment un paquet de pâtes dont elle avait tant envie. Ah, si seulement tout les rêves pouvaient êtres réalités.

Elle regarda le « bleuté » de haut en bas. C'était tout simplement néfaste à ses yeux de voir quelqu'un venir ainsi lui adresser la parole. Qui plus est, pour dire des âneries que même un âne ne penserait pas. Elle maudissait cet homme qui était venu vers elle. Elle ne l'avait pas appelé. Elle ne l'avait pas non plus nommé.

« Imbécile. »

Ce mot, elle l'avait dit d'une façon imprégnés d'une puissance hors du commun, tel un capitaine ordonnant à son navire de se diriger vers la droite. En réalité, ce mot, elle ne l'avait pas vraiment pensé. Mais si elle l'avait dit, ça devait-être vrai, non ?

Alors elle continua de parler. Parce qu'elle savait qu'il ne fallait pas qu'elle s’arrêter après avoir dit ça. Qu'elle passerait pour une traînée ou une jeune niaise de cette époque. Elle savait, ô combien de fois elle s'était avoir ainsi.

« Tu ne dois pas connaître les cotons tiges. » avait-elle continué « Mais sache que je n'ai jamais dis ton nom, pauvre fou. C'est un style peu sympathique que de venir parler à une demoiselle de cette manière. La prochaine fois, trouve toi donc une autre approche. »

Si elle avait vécu à l'époque des Rois, elle aurait sûrement étaient l'une des bourges les plus disgracieuses y vivants. Peut-être aurait-elle porté les corsets les plus serrés de tout son royaume. Elle aurait peut-être même était la maîtresse du Roi qui sait. Mais en aucun cas, elle n'aurait perdu cet air si parfait qu'elle donnait à ce moment là.

Ses yeux ne pouvaient rien cachés. Aussi, ils étaient cachés. Certes, cela pouvait expliquer pas mal de chose mais pas tant que cela quand même … Juste le fiat qu'elle porte des lunettes et qu'elle voyait sombre. D'ailleurs, ses fichus lunettes, elle les remonta vivement sur sa tête, comme le font les « jeunes » de maintenant pour les avoir sans les avoir.

« Mais soit. Sache que j'accepte de te parler en face à face, mais je ne suis pas une fille facile, et je ne signerais pas non plus d'autographe. »

Elle se redressa un peu, passant ses mains autour de sa taille et pliant une de ses jambes pour avoir plus d’appuis au niveau des pieds, n'hésitant pas à refaire claquer un de ses talons sur le sol en le bougeant pour être plus à l'aise.

La blonde passa immédiatement une main agile dans ses cheveux, remettant une mèche rebelle derrière son oreille et soufflant sur sa mèche pour la pousser de devant ses yeux maintenant à l'air libre.

Et là. Elle n'hésita pas. Elle le regarda de bas en haut. De haut en bas. De droite à gauche. De gauche à droite. De toutes les manières possibles et inimaginables. En faite, elle dévisagea en toute beauté et sans aucune honte. Elle était sérieusement la petite tête de mule de ce lieu en ce moment même.

En faite, elle était la reine des pestes.

« Wake up! ; Now you're stuck in this game ; And even if you run, the story's the same ; Wake up! ; Now you're stuck in this game ; You're just stuck in this game »

Elle avait suivit ce mystérieux inconnu qui lui semblait petit. Elle n'aimait pas les petits. Les petits, c'est pile à la bonne taille pour voir « ça ». Et elle n'aimait pas qu'on voit les « ça ». Après tout, c'est bien connu, les hommes ne pensent qu'à ça. Celui là allait sûrement tenter de lui faire du pied sous la table ou de la draguer en lui payant une boisson à la menthe. Que c'était pathétique. Ces gars étaient bien trop idéliques.

« Je ne suis pas n'importe qui. »

Ce fut tout ce qu'elle dit lorsqu'elle s'installa à la chaise, chaise docilement adressé à cette tendre blonde par cet inconnu avec qui elle venait d'engager une conversation des plus intéressante. Après tout, un Italien et une Canadienne. Drôle de mélange. Bon ou mauvais ménage ? Ce n'était pas encore décidé.

« Si tu avais un minimum de culture tu saurais jeune gens que n'importe qui me connaît sur cette terre. Je protèges les oreilles de la vierge et de l'orphelin, me battant dans une lutte sans merci contre les musiques qui n'ont aucun intérieur ni aucune profondeur. Oui, je suis bien le Robin des bois des temps modernes, je suis celle qui se bat sans cesse contre David Guetta ; je suis Alivia Ells. »

Avec ses paroles, elle avait fait un geste de la tête pour bouger sa frange et la mettre sur le côté. Croisant ses bras contre sa poitrine et prenant un air autant. Ce gamin voulait jouer avec elle, hein ? Il se disait fils du Roi des panzanis ? Et elle se dirait Robin des Bois. Après tout, Robin des Bois ne se battait-il point contre un Prince pour protéger les pauvres ? Et si ce cher Guetta était un Prince lui aussi ? … JAMAIS ! Cette cacophonie ne peut résonner à travers ce monde, que la folie dévore les terroirs de la grand mère de cette enfant si cette personne était un prince. Car il y va sans dire que ce monde sombrerait dans une folie sans précédent.

Mais passons, là n'était pas la question. Et la question, quelle question ! Il venait de lui proposer son rêve. Pas besoin d'épopée inimaginable pour arriver à ce qu'elle désirait, juste quelques mots.

« Je le veux. »

Non, elle ne venait pas de dire oui à une demande en mariage. Elle venait juste d’accepter des pâtes si savoureuses qu'elle pourrait en pleurer de joie. Bien sûr, elle ne montra pas cela sur son visage, quelle idée !

Tout ce qu'elle fit, ce fut mettre l'une de ses mains sur la table et tapoter doucement le bois avec ses doigts -ou plutôt ses ongles- pour faire en sorte d'avoir une sorte de bruit rythmé assez stressant comme lors d'un interrogateurs mafieux.

Il lui proposa à boire, fort élégant de sa part. Elle ne commanda qu'un café … Un doux café amer et prisé par son estomac, voilà ce qu'elle voulait. Une boisson qui la tienne éveillé pendant pas mal de temps. Assez longtemps pour pouvoir écouter en boucle du Vivaldi sans s'endormir. En gros, elle avait besoin de caféine, de la vraie.

« Et sinon, que me voulez vous ? Je veux dire, ce n'est pas tout les jours que l'on croise quelqu'un qui nous interpelle uniquement pour nous proposer des féculents. »

Elle marqua un temps de pause où elle regarda une nouvelle fois le « Panzani » de bas en haut, terminant son observation droit dans les yeux du jeune homme. Elle se pencha en avant, les coudes sur la table, les mains croisé et le menton dessus, un sourire presque hypocrite mais qui passait plus pour angélique sur son visage.

« Surtout pas quelqu'un qui se fasse appeler Panzani. »